Coaching et Psychothérapie

 Patrice Sammut

 

 

Coaching et Développement Personnel

Il s’agit ici d’apporter une définition-cadre reconnue du Coaching afin de le situer vis-à-vis du Développement Personnel et de commencer à en faire de même vis-à-vis de la Psychothérapie.

 

Coaching professionnel et Life coaching

Il s’agit ici de terminer de définir le coaching à travers ses domaines d’exercice identifiés, et de continuer à éclairer ses limites et différences vis-à-vis de la Psychothérapie.

 

Ce qui différencie le Coaching de la Psychothérapie

En partant de la pratique du Coaching, il s’agit ici de questionner et d’approfondir les différences entre Coaching et Psychothérapie.

 

Pratique et limites du coaching

En synthèse, il s’agit ici d’éclairer la pratique du Coaching en précisant ses limites vis-à-vis du Développement Personnel et de la Psychothérapie.

 

Bibliographie

 

 

 

 

Coaching et Développement Personnel

 

Il s’agit ici d’apporter une définition-cadre reconnue du Coaching afin de le situer vis-à-vis du Développement Personnel et de commencer à en faire de même vis-à-vis de la Psychothérapie.

 

Le Coaching est apparu officiellement aux USA au tout début des années 1980 dans le monde des sportifs de haut niveau (avec le livre de Timothy Gallwey, ancien champion de tennis : « Vaincre l’ennemi intérieur ») avant de gagner celui de l’entreprise, puis l’Europe et notamment la France où il se développe depuis les années 1990.

 

L’introduction en France de ce nouveau métier pour les entreprises doit beaucoup à Vincent Lenhardt qui en a repris le concept et l’a théorisé en ouvrant une première école spécialisée en 1988.

 

Dans le monde de l’entreprise, le terme coacher est devenu synonyme d’aider, de conseiller voire de diriger. Ainsi, le terme coaching est largement utilisé. Il tend à décrire toute situation d’accompagnement ou tout transfert de compétence entre deux personnes, le coach et le coaché, ou entre une personne et un groupe (coaching d’équipe ou team-building).

 

La Société Française de Coaching (SFCoach) en donne la définition suivante : « Le coaching est l’accompagnement d’une personne à partir de ses besoins professionnels, pour le développement de son potentiel et de son savoir faire ».

 

Vincent Lenhardt (1), thérapeute, didacticien et coach, avance les éléments de définition et de réflexion suivants pour Coaching & Team-building : « Le coaching est une aide apportée dans un accompagnement d’une personne ou d’une (ou plusieurs) équipe(s), dans une situation personnelle ou professionnelle, et qui consiste à aider cette personne ou cette équipe à trouver des solutions à ses problèmes ou à sa situation, ceci dans une perspective de développement durable et global ».

 

Ainsi, en quelques années, le coaching qui trouve son origine dans le sport a envahi le monde de l’entreprise. Il existe des coachs externes, des coachs d’équipes et aussi des coachs internes.

Parfois même la notion de manager, avec celles de « responsable ressources » ou de « responsable porteur de sens » s’assimile à celle de coach.  De quoi être en pleine confusion ou porté à en élargir le champ.

 

La typologie des coachings selon François Délivré (3), consultant, formateur et coach,  est intéressante. Elle permet de donner une représentation des différentes formes de coaching, ou « coaching professionnel », pour les personnes travaillant en entreprise.

 

Imaginons 4 crans situés le long d’une règle. Chacun de ces crans représente un type de coaching, soit de gauche à droite :

 

 

1.      Il s’agit du coaching centré sur la personne ou au « niveau individuel ». Ce type de coaching s’intéresse aux problématiques personnelles.

 

pubs non contrôlées par le site  "Stress, Yoga et Psychosonique".

 

Se pose ici la limite avec la thérapie. En effet le coaché y travaille sur sa sphère personnelle. Il y exprime ce qu’il vit, ses ressentis, ses croyances, la façon dont il fonctionne.

Le domaine psychologique ou intrapsychique y est donc abordé voire investi ; c'est-à-dire les mécanismes psychologiques intérieurs (états internes et processus cognitifs en PNL) qui influencent le comportement.

L’image de l’iceberg permet d’illustrer l’intrapsychique d’une personne. La partie immergée, la plus importante, représente son préconscient et son inconscient ; celle émergée, son conscient. Le coaching traite de la pointe émergée. Le coach devra disposer des outils et de l’expérience nécessaire pour se permettre des incursions sous la surface du conscient.

Ceci ne pose pas débat s’il est thérapeute. Cependant, sa déontologie l’amènera à indiquer à son client la limite entre Coaching et Thérapie.

Le Coach n’ayant pas les compétences fondamentales nécessaires pour accompagner son client sous la ligne de flottaison, saura évaluer la demande, éviter si possible d’engager un tel coaching et aiguiller son client vers le professionnel concerné.

 

2.      Le coaching centré sur les relations ou au « niveau interindividuel ».

Si la problématique à traiter peut  être liée à une difficulté provenant essentiellement de la personnalité du coaché, ce peut-être aussi la relation elle-même qui dysfonctionne ; ou du moins une approche par la relation peut-elle être conduite. Le coach utilisera des outils appartenant aux approches comportementalistes et systémiques (l’école de Palo-Alto, le Process Communication Management, etc.), qu’il devra suffisamment maîtriser.

 

3.      Le coaching de managers, centré sur le management ou au « niveau du groupe ».

Là aussi la problématique peut relever de la personnalité même du coaché. Cependant il peut aussi s’agir d’une difficulté liée au groupe que manage le coaché. Le coach ne l’aidera alors que s’il dispose de compétences en processus de groupe (Les stades de développement des équipes, structure et régulation ou gestion des frontières, etc.).

 

4.      Le coaching de dirigeants ou au « niveau de la structure ».

Ce niveau de coaching nécessite des compétences en Organization Development (1), de diagnostic de structure et d’organisation et des méthodes d’intervention spécifiques. Le coach sera d’autant plus efficace qu’il disposera d’une expérience sérieuse de l’entreprise, ainsi que d’une compétence en socio-psychologie (La Théorie Organisationnel de Berne, etc.)

 

Cette distinction didactique entre « 4 types » de coaching tend à :

-        construire une logique permettant de passer d’un cran à l’autre en cours d’entretien de coaching. Cela permet au coach d’accepter un coaching après analyse de la demande ; et en cours de coaching, d’expliquer, d’orienter de passer souplement de la personnalité à la structure ou vice-versa en fonction de la problématique exprimée et des besoins.

-        distinguer différents marchés du coaching et profil potentiel de coachs.

« Le coaching centré sur la personne » correspond au « coaching de réalisation de soi » tel que pratiqué aux USA. Il s’agit aussi du « Life Coaching » ou « coaching de vie » dont l’on parle de plus en plus en France. Ainsi plus le coach va du côté gauche, plus il glisse du côté du thérapeute ou du psychologue.

Sur l’autre extrémité, le coach agit en développeur d’un savoir-faire de management et d’organisation. Ainsi, plus il va du côté droit, celui du contexte (interne et externe) d’entreprise, plus il aura besoin de compétences de type sociologie des organisations voire de médiateur et d’expérience de l’entreprise ou du conseil.

 

Ceci engage dans notre propos la double question ou les constats suivants :

-        le coach est condamné à gérer les frontières entre thérapie et coaching d’une part, conseil et coaching d’autre part,

-        le coaching intéresse les personnes dans un spectre étendu de contextes allant du domaine personnel  (« l’essentiel » (1)) à celui de l’entreprise (« l’important » (1)).

 

En effet, potentiellement cette technique concerne tout le monde et tout domaine de la vie (privé et professionnel).

 

L’International Coaching Federation, (l’un des organismes de coaching les plus représentatifs aux USA) en donne la définition suivante: « The coaching process helps clients both define and achieve their professional and personal goals faster and with more ease than would be possible otherwise». (« Le processus de coaching aide le client à définir et à accomplir ses buts professionnels et personnels plus vite et plus facilement qu’il ne serait possible autrement ».

 

Aussi, aujourd’hui, dans le sillage des méthodes de Développement Personnel, le Coaching investit le domaine de l’aide individuelle. Il promet des résultats concrets et rapides, sur des questionnements spécifiques ou ponctuels.

Ce sont par exemple : réussir sa nouvelle prise de fonction, réussir sa vie professionnelle, concrétiser une vocation,  savoir préserver sa vie personnelle, changer de mode de vie, traverser un divorce, etc.

Il n’est pas spécifiquement question ici de traiter des maux physiques ou psychiques. En effet, nul besoin d’être malade pour faire appel à un coach. D’où sa définition paradoxale de « thérapie des bien-portants ».

 

De fait, le coaching est ainsi défini sur le Web, (media incontournable) : « ensemble des techniques permettant l'optimisation des potentiels existants chez une personne. Fait d'accompagner une personne dans son Développement Personnel ou Professionnel. On ne peut coacher sur terrain fragile ; si tel est le cas, la Thérapie est plus indiquée ».

 

Cette définition laisse supposer que le coaching fait partie du vaste champ du Développement Personnel.

Le web en propose la définition suivante intégrant les dimensions personnelle et professionnelle « Développement Personnel ou Professionnel : il s'agit de tout le travail, personnel ou guidé, qu'une personne effectue avec l'objectif d'accroître la qualité de sa vie, ses connaissances humaines, sa propre maîtrise, et en général, d'atteindre ce qui constitue son idéal de Vie. Le Développement, qu'il soit personnel ou professionnel, exige que l'état de santé soit normal. En effet, avant le seuil de Santé, il est plus adéquat de parler de Thérapie.

On nomme Développement Personnel, épanouissement personnel ou croissance personnelle un ensemble de pratiques ayant pour finalité la redécouverte de soi pour mieux vivre, s'épanouir dans les différents domaines de l'existence, réaliser son potentiel etc. Il n'existe pas une méthode unique de développement personnel, mais une multitude d'approches et de pratiques qui s'attachent à cet objectif. Divers enseignants de développement personnel se réclament de la psychologie, ou encore du bouddhisme zen. Il y a donc une large variété de disciplines qui lui sont liées dont certaines à vocation individualiste ou encore spirituelle ».

 

Le Coaching est-il un outil de plus du Développement Personnel ?

 

D’après le tableau suivant (1), Vincent Lenhardt fournit un cadre permettant de construire une réponse :

 

Thérapie des profondeurs

Diverses Thérapies

Développement Personnel

Coaching

Développement managérial

Approches fondamentales, prise en compte et traitement de l’inconscient : Psychanalyse (Freud, Jung, Lacan …)

 

Finalités : libération des blocages inconscients et accès aux motivations profondes.

Telles que celles prenant en compte de la globalité de la personne en situation : Psychologie humaniste (bioénergie, Gestalt, Analyse Transactionnelle, PNL …) ; Systémique (Ecole de Palo Alto …) ; Thérapie existentielles (Logothèrapie de Victot Frankl …).

 

Tel que : Méditation, Yoga, Massage, Expressions (orale, corporelle), Pratiques artistiques …

 

Finalités : sans travail en profondeur, développement de la conscience, aptitudes (créativité, compétences) …

Coaching centré sur : la personne ; les relations ; le management ; la structure

 

ou

 

Life Coaching ;

Coaching Professionnel.

Formation en : stratégie, organisation,   management …

 

Conseil en : stratégie, organisation,   management …

 

 

Sans arrêter de frontière précise le Développement Personnel paraît logiquement situé entre les psychothérapies (thérapies hors champ de la médecine et des activités paramédicales, bien qu’a priori potentiellement en contradiction avec une approche holistique de l’humain) et le Coaching. Le Coaching est lui-même à distinguer du Développement Managérial et du Conseil. 

 

A ce stade, il est intéressant de souligner les finalités des différentes psychothérapies, hors la psychanalyse, afin d’un rapprochement avec le Coaching ; ce qui contribue à l’interpénétration des frontières :

-        Les approches psychologiques humanistes : leur matière et finalité résident en l’intégration du corps (ressentis et sens), des émotions, des champs cognitifs et comportementaux. Ceci afin de restituer à la personne en développement la prise de responsabilité de sa vie et de sa croissance, en plus de la guérison des symptômes.

Nous retrouvons ici le processus et la finalité du Coaching : l’autonomisation du client.

-        Les thérapies systémiques s’intéressent aux relations qui forment le système. Ainsi ces techniques ont moins pour champ l’intrapsychique de la personne que l’organisation des relations du système dont elle n’est qu’une partie, ouvrant ainsi naturellement à l’ensemble des personnes concernées et partant aux sous-systèmes et systèmes reliés directement ou indirectement. La finalité de ces techniques réside dans la restitution au système de sa capacité à s’autoréguler et à arriver à identifier ses problèmes et à les résoudre.

Nous retrouvons ici le processus et la finalité du Coaching d’Equipe et du Team Building : la croissance et l’autonomisation des équipes.

-        Les thérapies existentielles ont pour champ essentiel l’accès au sens de l’existence en terme de finalité (réponse à la question « pour quoi ? ») et moins celui de la causalité (réponse à la question « pourquoi ? ») et de choix de valeurs.

Nous touchons ici à un élément constitutif de la qualité d’être du coach lui-même.

 

Les professionnels du Développement Personnel ainsi que les Coachs utilisent diverses techniques provenant du champ des thérapies.

Les exigences des principales écoles de formation de coachs professionnels sont :

-        disposer d’une expérience professionnelle suffisante, soit de relation d’aide, soit de management ; avoir ainsi su gérer des relations et situations opérationnelles significatives,

-        un minimum de connaissance et de pratique d’outils de communication et d’accompagnement, tels l’Analyse Transactionnelle, la PNL, la Process Communication Management, la systémique …

-        un cheminement personnel, une expérience existentielle démonstratifs de leur identité et de leur qualité d’être ;  le soin de soi à travers la pratique d’activités de développement personnel, voire un travail thérapeutique.

 

Jacques-Antoine Malarewicz (4), médecin psychiatre, consultant en entreprise et formateur, affirme que le Coaching n’est pas un outil de plus du Développement Personnel. En ce sens que :

-        la notion de développement personnel recouvre de nombreuses pratiques, s’appuyant chacune sur des croyances, pratiques et outils plus ou moins démontrés (de la prise en compte du corps, des émotions, des énergies, des vies antérieures …),

-        chacun peut s’enrichir au cours d’un week-end, une activité  régulière, l’écoute d’une conférence …

Ainsi ce que recouvre le Développement Personnel est devenu tellement large que pour certains il est évident que le coaching serait un des multiples produits proposés dans le champ du Développement personnel.

Cependant, pour Jacques-Antoine Malarewicz le Coaching n’est valable que dans un cadre professionnel.

 

Si Thérapie, Développement Personnel et Coaching peuvent être globalement positionnés sur une échelle partant de la Thérapie des profondeurs au Développement Managérial,  la frontière qui sépare le Développement Personnel du Coaching est difficile à déterminer, tout autant que celle entre Thérapie et Développement Personnel ou qu’entre Psychothérapie et Coaching.

 

Cette investigation quant au positionnement du Coaching nous met en présence de la diversité du contenu de ce métier et de son exercice.

Partant de l’acceptation qu’au départ d’un nouveau concept d’accompagnement – s’intéressant  tant au domaine personnelle ou privé que professionnel ou social – une telle diversité est chose normale, et que les contenus d’un métier pleinement identifié quant à son exercice ne saurait être qu’une synthèse qui se construit à partir d’éléments d’émergence et de pratique, ainsi que de leurs conflits avec d’autres notions et techniques d’accompagnement, on conçoit qu’une des  tâches essentielles des Coachs soit de favoriser, de promouvoir ou de restaurer la construction du Coaching en tant que notion d’accompagnement professionnel différenciée.

 

Cette autonomie vis-à-vis du Développement Personnel s’affirme en particulier, on le conçoit,  jusqu’à la reconnaissance d’exercices différents du métier de Coach selon le domaine concerné (privé ou professionnel) et en fonction de l’expérience et des compétences personnelles du coach.

 

 

                                        

Coaching professionnel et Life coaching

 

Il s’agit ici de terminer de définir le coaching à travers ses domaines d’exercice identifiés, et de continuer à éclairer ses limites et différences vis-à-vis de la Psychothérapie.

 

La pratique du Coaching – tel que défini par les instances les plus représentatives de ce nouveau métier – s’appuie sur une double compétence : celle des hommes et celle de l’entreprise.

 

Cette compétence ne s’acquiert pas seulement dans une formation aussi sérieuse soit-elle, mais aussi :

-        dans l’expérience nécessaire qu’apportent des années de pratique de l’entreprise, en tant que manager ou que consultant,

-        dans la pratique de techniques et l’expérience d’accompagnement de personnes, dans les domaines des Thérapies brèves ou du Développement Personnel,

-        ainsi que par un chemin d’identité et un travail personnel conduisant à, et permettant d’entretenir, la « sécurité ontologique » nécessaire à l’exercice du métier de Coach.

 

A partir des thèmes apportés par le coaché et de l’expérience du coach, deux types de coaching sont clairement identifiables, complémentaires et suffisamment spécifiques pour être différenciés. Ils s’adressent chacun à deux vastes volets de la vie des personnes :

-        le « Coaching Professionnel »  qui s’adresse au domaine de la vie professionnelle,

-        le « Life Coaching » qui s’intéresse au domaine de la vie privée.

 

Le propos de ce document n’est pas de développer la pratique du « Coaching Professionnel ». Le sujet est vaste. Cependant il est utile d’en aborder certains aspects et ainsi de continuer à détourer  le Coaching, ses frontières et limites.

 

A-propos du « Coaching Professionnel » … des coachs pour « l’efficience professionnelle ».

Le « Coaching Professionnel » en entreprise, intervient principalement sur les registres de l’organisationnel, du professionnel et du managérial, sans se substituer au coaché - directeur, manager ou collaborateur concerné par le coaching.

 

Lorsque le coach intervenant en entreprise possède une connaissance trop imparfaite ou insuffisante du monde des entreprises – leurs rouages et leur environnement – il peut avoir tendance à orienter sa pratique du coaching vers un processus et un contenu trop tournés vers la sphère privée, ce qui risque de l’éloigner des intérêts de l’entreprise. Cela peut conduire à une confusion avec la Psychothérapie ou le Développement Personnel.

 

Un coach - ou une équipe de coachs - en entreprise dispose d’outils qui s’adressent :

-        à l’individu en situation professionnelle,

-        ou au groupe, voire à l’organisation toute entière.

 

Concernant les groupes ou l’entreprise, le coaching est qualifié de team building, de coaching ou de cohésion d’équipe, de coaching ou de développement d’organisation, de médiation, …

Dans tous les cas, si le coach n’est pas un manager, il n’est pas non plus un consultant. Cette comparaison est intéressante quant à notre propos.

Bien que ces deux métiers aient des méthodes en commun, le « consultant en management » apporte une solution à la problématique de son client, alors que le « coach de managers » fait émerger la solution du client, ceci en tenant compte de la personnalité de celui-ci.

 

François Délivré (3) fournit une comparaison synthétique de ces deux métiers et postures.

 

« Tu as des compétences dans la partie gauche de la règle du coaching et dans la partie droite. Tu entres aussi dans le métier de ton client : le management ! »

 

Le « conseil »

Le coach

Passe un contrat

Effectue seulement un diagnostic technique ou organisationnel

Effectue un diagnostic psychologique ou/et psychosociologique

Indique sa solution

Fait émerger la solution du client

Prend en compte le problème professionnel du client

Prend aussi en compte la personnalité du client

Répond à la demande du client

Analyse la demande explicite du client ; fait émerger la demande latente

S’en tient au « contenu »

Prend en compte le contenu, le processus et le sens

S’en tient aux problèmes professionnels

Traite surtout la partie des problèmes professionnels liés à la personne du client

Apporte son cadre

Effectue des va-et-vient entre son cadre et celui du client

A une autorité due à sa compétence sur le contenu

A une autorité due à sa compétence en processus

 

 

A-propos du « Life Coaching » … des coachs pour « apprendre à vivre ».

Certains professionnels parlent de « Life Coaching » ou « Coaching de vie », une nouveauté « made in USA », afin de définir une pratique située entre le « coaching professionnel » et la psychothérapie.

 

Dans le cadre de l’entreprise les coachs ne pratiquent pas les mêmes techniques – ou ils les adaptent au contexte – et ne suivent pas nécessairement les mêmes objectifs, ni les mêmes enjeux, que les coachs uniquement centrés sur la personne.

 

En fait, le coaching uniquement centré sur la personne est proche des démarches de développement personnel, sur le plan de la méthode et des objectifs. Il a aussi de multiples points communs avec les thérapies brèves.

C’est la raison pour laquelle une frontière nette et reconnue entre Coaching, Développement Personnel et Thérapie est pratiquement impossible à établir.

 

Pour autant la plupart des professionnels considèrent que le domaine de la Thérapie est celui du passé et de la causalité du vécu, c'est-à-dire du « pourquoi le client est comme cela ? », alors que le Coaching et le Développement Personnel sont surtout tournés vers le futur et centrés sur le « comment faire pour que le client atteigne ses objectifs ? »

Cependant il est certain que les méthodes et les outils utilisés par les professionnels des « thérapies brèves »  et du « coaching centré sur la personne » sont proches, voire parfois similaires.

 

De manière générale les coachs, comme les professionnels du développement personnel,  considèrent qu’il n’est pas nécessaire d’aller mal pour les consulter. D’ailleurs ils utilisent le terme de « client » au lieu de celui de « patient ».

Selon ses promoteurs, le coaching de vie se situe en amont de la psychothérapie. Ils ne se sentent pas en rivalité avec les psychothérapeutes. Selon eux il suffit de se sentir bloqué ou insatisfait par une situation de la vie – seul, au travail, en couple, en famille, en société –  pour les solliciter.

Ainsi ils proposent d’intervenir et d’apporter une solution avant qu’une difficulté rencontrée, renouvelée ou non, ne dégénère en souffrance ou conflit profond.

 

Mais les Psychothérapeutes ne manquent pas de rappeler qu’un problème concret affectant le présent et le futur – tel que l’impossibilité de trouver un emploi satisfaisant, de déménager à distance de son cadre habituel – peut-être le symptôme révélateur d’une problématique plus profonde et complexe, l’effet d’une cause à rechercher dans le passé lointain de la personne. D’où, le dilemme qui peut se poser entre « Life Coaching » et « Psychothérapie », les oppositions entre les professionnels eux-mêmes et les hésitations voire les confusions dans l’esprit du public.

 

Cependant ce qui paraît essentiellement distinguer la Thérapie du Coaching est que, à partir du présent :

-        les psychothérapies brèves s’intéressent au passé et au « pourquoi le patient n’arrive pas à changer ?». Il indique les causes et propose de les solutionner.

-        le coaching s’intéresse au futur et au « que doit faire le client pour changer ? ». Il amène la personne à identifier des moyens concrets pour atteindre son objectif.

 

Ainsi, centré sur le moment présent – le ici et maintenant – et laissant de côté le « pourquoi », le « Life Coaching » écarte le passé. Il se focalise sur le « comment » aider le client à concrétiser un objectif précis.

Cette assurance d’atteinte d’objectif fait l’objet d’un contrat qui s’établit lors de la première séance de coaching. A cette occasion sont précisées la règle du jeu et la durée de l’accompagnement. Naturellement le coach s’assurera de « l’écologie » de l’objectif exprimé par le client avant de s’engager.

Lors des séances suivantes le coach et le client cernent les obstacles et les moyens pour les surmonter. Le coach détermine une stratégie, qu’il fait évoluer si nécessaire en intelligence de situation et en interaction avec son client. Le client suit le processus déterminé étape par étape, jusqu’à la dernière séance durant laquelle est effectué un bilan critique sur les résultats obtenus.

 

En résumé, les spécificités du « Life Coaching » sont les suivantes :

-        Une aide individuelle : le coach de vie intervient à la demande de son client. Il dispose d’outils et d’un savoir-faire notamment en terme de processus. Ensemble, ils définissent une méthode appropriée afin de résoudre un problème concret.

-        A partir d’une écoute attentive, il y a recherche d’un résultat rapide et concret. A l’aide d’un dialogue pragmatique visant à faire émerger chez le client la (les) solution(s) possible(s) et de conseils servant à débloquer une situation donnée.

-        Une efficacité basée sur le fondement et la dynamique du coaching : le « comment changer ?» et l’observation de « est-ce que ça marche ?».

-        Les « life coachs » travaillent sur un temps (très) court, même eu égard aux thérapies « brèves » – qualificatif qui rapproche ces deux méthodes. Dans certains cas une seule séance peut suffire.

 

Thérapie et Life Coaching sont deux démarches différentes, parfois complémentaires :

-        La thérapie permet de mieux se connaître à travers l’analyse de son passé. Ceci sans nécessairement permettre de changer sa vie, son vécu, ses comportements.

-        A l’inverse, le coaching vise à obtenir des changements rapides de comportement, mais a priori il ne cherche pas à agir sur les blessures qui empêchent d’avancer. Cependant parfois  un changement plus profond s’installe du fait de cette action – état et processus internes de la personne s’étant modifiés.

Le « life coach» propose des conseils ultra-ciblés. Pour autant il ne se substitue pas au libre arbitre du coaché, ni n’installe le coaching dans la durée en priorisant l’autonomie de son client.

 

Bernard Hévin, coach, psychosociologue et directeur du centre de formation Le Dojo déclare : « Nous aidons les gens à se poser les bonnes questions mais nous ne sommes pas là pour donner les réponses. Notre intervention leur permet de prendre plus vite la bonne décision. Et de se donner la permission de réaliser leurs aspirations ».

 

Même s’il satisfait un besoin d’accompagnement ou de conseil très pragmatique, le « Life Coaching » supporte de très nombreuses critiques :

-        Il s’agit d’une appellation non contrôlée que quiconque peut s’approprier. Ce risque est reconnu par les praticiens eux-mêmes, formés aux attendus de l’exercice de ce métier.

-        Une solide formation et une pratique de la psychothérapie sont nécessaires pour exercer le « Life Coaching » en toute déontologie. En effet le risque de voir le coach plaquer, inconsciemment, ses propres objectifs sur ceux de son client est grand. Le coach doit avoir conscience des limites qu’il ne peut franchir et doit  être confrontable sur sa déontologie.

-        L’efficacité du Coaching soulève quelque scepticisme de par la brièveté des sessions. Les thérapeutes affirment qu’il n’y a pas de miracle : si l’on veut entreprendre un travail sur soi, cela prend du temps et de l’énergie ; à moins de se contenter de masquer le problème sans résoudre le fond.

 

Le « Life Coaching » présente-t-il un vrai bénéfice ou est-ce une nouvelle forme d’assistance ?

Pour Jacques-Antoine Malarewicz – médecin psychiatre et consultant en entreprise – il s’agit pratiquement d’un déni de la thérapie. Il n’estime le Coaching valable que dans un cadre professionnel. Quand un particulier s’adresse à lui, il lui propose une thérapie : « Soit la demande de l’individu découle d’un mal-être et relève de la psychothérapie, soit elle découle d’un questionnement et la personne devrait aller voir ses proches. L’essor du « Life Coaching » témoigne de la désagrégation des liens familiaux et sociaux. Il reflète un profond malaise de société. Des conseils de bon sens sur des choix de vie, on devrait les trouver ailleurs que chez un professionnel ».

 

Le débat n’est pas clos. En effet, hors les tenants du « Life Coaching », deux positions émergent parmi les professionnels (psychiatres, psychothérapeutes, consultants en ressources humaines et coachs en entreprise) :

-        Le mot coaching rassure. Les personnes qui craignent d’engager une thérapie y viennent. En fait on les trompe en masquant par un mot à la mode une pseudo-thérapie. Comment peut-on aider quelqu’un à trouver sa vérité en étant soi-même trompeur ?

-        L’essentiel est de consulter un praticien bien formé. Ainsi, si le « life coaching » n’apporte pas grand-chose de nouveau  par rapport aux thérapies brèves (Analyse Transactionnelle, PNL, Gestalt …), ne faut-il pas laisser les gens présenter leur cas de la manière qui leur convient le mieux ?

 

Ces positions critiques laissent les Life Coachs imperturbables. Ils estiment que les autres écoles d’accompagnement centré sur la personne craignent surtout une nouvelle concurrence, d’autant plus sérieuse que le public lui donne crédit.

Force est de constater que tant cette accusation que les critiques des détracteurs ne sont dénuées de fondement. Cependant chacune de ces positions doit être nuancée lorsqu’il s’agit de praticiens formés sérieusement aux thérapies brèves (PNL, Gestalt, AT…).

 

En fait derrière ce qui semble n’être qu’une querelle de chapelle se profile un vrai débat de fond. Celui de la responsabilité du praticien et celle individuelle de la personne face à ses choix de vie.

 

En effet la responsabilité de chacun est ainsi questionnée.

Etre autonome et responsable, c’est faire usage de son libre arbitre, décider seul en ayant conscience que tout choix comporte des risques.

Cependant, si un adulte ne peut indéfiniment se reposer sur quelqu’un pour effectuer ses choix, il doit aussi pouvoir, librement, selon les étapes de sa vie, faire appel à tel ou tel école d’accompagnement ou de conseil, et à tel ou tel thérapeute, coach ou activité.

Ainsi, que ce soit à travers la Thérapie, le Développement Personnel ou le Coaching de Vie, chacun peut se donner les moyens de sa responsabilité et de son autonomie.

 

Le professionnalisme – formation, expérience, déontologie, supervision … – du praticien eu égard à l’exercice de son métier est l’essentiel incontournable permettant d’accueillir la démarche du client.

La responsabilité du praticien va jusqu’à contribuer à accompagner client ou patient vers l’autonomie.

 

 

 

Ce qui différencie le Coaching de la Psychothérapie

 

En partant de la pratique du Coaching, il s’agit ici de questionner et d’approfondir les différences entre Coaching et Psychothérapie.

 

La possibilité d’exercer et de développer une activité d’accompagnement diversifiée – tant sur les sphères du professionnel que du privé – telle le coaching, qui ne s’inscrit pas réellement dans le vaste champ du Développement Personnel  et qui pourrait être assimilé à une forme de psychothérapie, est l’expression d’un besoin non satisfait par les autres formes d’accompagnement et d’aide.

 

Jean-Antoine Malarewicz (4) constate : « Nous sommes dans une société de réparateurs, et tout ce qui peut ressembler à ce type d’activité fascine certaines personnes. Le besoin de protéger est répandu, il peut se négocier dans le monde du travail de bien des manières notamment dans le coaching ».

 

François Délivré (3) propose d’identifier les limites possibles entre le domaine de la (psycho)thérapie et celui du coaching à partir du tableau suivant :

 

Domaine de la (Psycho)Thérapie

Domaine du Coaching en Entreprise

 

Analyse de la demande

Contrat

Diagnostic

Cadre de référence

Changement

 

Forte utilisation du transfert (dans certaine thérapie)

Conscience du transfert et franchissement d’une étape d’autonomie

Plutôt le passé

Plutôt le présent et l’avenir

La vie personnelle et familiale

La vie professionnelle

La régression

L’histoire sociale et professionnelle, la situation présente, les projets

La prise de conscience par le client de la construction archaïque du schéma  d’identité. La partie figée de la personnalité élaborée pendant l’enfance

Les options concrètes, pour vivre en autonomie. Les besoins à satisfaire, réalistes, en tenant compte du monde environnant

Le travail émotionnel

L’identification, l’expression et l’utilisation des émotions en situation professionnelle

L’origine des croyances

Le changement des croyances

Le projet de vie

Le projet professionnel

La sexualité

Les relations hommes - femmes dans le travail

Les impasses (cf. AT) du second degré (conflit entre deux éléments archaïque de l’Enfant, c’est à dire introjection des messages parentaux et besoins) et du troisième degré (conflit entre l’Enfant Adapté et l’Enfant Libre)

Les impasses du premier degré (conflit entre les valeurs du Parent et les envies de l’Enfant)

 

 

Sur Internet, média grand public, les termes Psychothérapie, Psychanalyse, Psychologie et Thérapie, sont définis de la manière suivante :

 

-        Psychothérapie : « ensemble des techniques psychologiques destinées à permettre à une personne de recouvrer la santé, tant psychologiquement que physiologiquement » … « Les psychothérapies (thérapies par la psyché) sont un ensemble de pratiques nées à la fin du XIX siècle, issues de l'hypnose puis de la psychanalyse. Ces pratiques sont « l'art de soigner par l'esprit » des souffrances tant psychiques que somatiques dans le cadre d'une relation à un psychothérapeute. « La psychothérapie est souvent considérée à tort comme un soin de l'esprit ». Résumant les indications de la psychothérapie Bernheim écrit dans « De la suggestion » : «  … les maux de ventre et digestifs liés à une affection organique peuvent aussi être exagérés par le psychisme et justiciables dans une certaine mesure de la suggestion. On le voit, le champ de la psychothérapie est très vaste ; elle peut intervenir utilement dans toutes les maladies ; mais elle intervient surtout contre l’élément psycho-nerveux de ces maladies ». Les approches sont nombreuses et correspondent à des références théorico-cliniques très différentes voire contradictoires ».

 

-        Psychanalyse : « étude de la signification des comportements inconscients, d'après la théorie de Sigmund Freud (1896) ».

 

-        Psychologie : « étude de la vie psychique, individuelle, familiale, professionnelle et sociale, des êtres humains ».

 

-        Thérapie : « ensemble des techniques permettant de recouvrer l'état de Santé, tant physique que psychologique. Fait d'accompagner une personne vers le Bien-être, jusqu'à un équilibre psychocorporel stable et durable. Pour aller « mieux que mieux », le Coaching est plus indiqué ».

 

-        Thérapie brève : « c'est une pratique psychothérapique qui, au contraire de certaines approches, ne nécessitera pas d'attendre un résultat tangible 3 ou 4 ans. Généralement, avec des approches comme l'Hypnose Ericksonienne et la PNL, les premiers changements sont quasi immédiats. Ce qui n'altère en rien la réelle stabilité du changement acquis, … . Au contraire, cet « apprentissage » a tendance à se généraliser, et va venir ainsi toucher des domaines qui ne faisaient pas partie de la demande (consciente) initiale du patient, qui verra ainsi se résoudre d'eux-mêmes d'autres problèmes de sa vie. La démarche de la thérapie dite « brève » n'empêche cependant pas la prise en charge de cas lourds, …. . Elle aura l'énorme avantage dans ces cas là de raccourcir en proportion la durée de la prise en charge  …».

 

La lecture de ces points de vue d’experts du coaching et  de ces définitions concernant la psychothérapie peut conduire aux réflexions ou conclusions suivantes :

-        Un thérapeute exerçant le métier de coach, aurait sur ce dernier (qui ne serait pas aussi thérapeute), un avantage professionnel certain, puisque qu’il serait en mesure de s’affranchir des frontières entre conscient et inconscient, professionnel et personnel (au-delà du privé).

En fait, l’exercice du coaching en milieu professionnel  nécessite de pouvoir intervenir sur la droite du curseur ((3) coaching de managers et coaching de structure). Ainsi, un psychothérapeute n’ayant pas d’expérience suffisante de l’entreprise, de ses rouages et de son environnement, ni de « l’important » (1) (contraintes culturelles, organisationnelles, managériales, professionnelles) ne pourra accompagner de manière efficiente son client, manager ou dirigeant, ainsi que l’équipe ou l’organisation.

 

-        Inversement, un coach non formé aux « thérapies par la psyché » risque de trouver rapidement ses limites  concernant « l’essentiel » (1) de son client (programmations de l’intrapsychique, psychologique, existentiel, spirituel)

En fait, l’exercice du Coaching Professionnel ou du Life Coaching (domaine de la vie privé) s’intéresse à la pointe émergée de l’intrapsychique, au « comment » du passage, par le coaché, d’une situation présente à un objectif futur.

Cependant, par son écoute, sa posture d’accompagnant et non de conseil, l’usage de la Métacommunication art de communiquer sur la communication (cf. l’école de Palo Alto Gregory Bateson) –  le coach amènera le coaché à exprimer son « essentiel » au cœur de son « important ».

Toutefois,  si le coach est amené à s’intéresser au passé, au « pourquoi » de la situation présente, s’il veut ou doit interroger la partie immergé de l’intrapsychique, il devra disposer des outils lui permettant de s’affranchir des frontières internes du coaché ou orienter son client vers un confère en disposant ou vers un thérapeute.

 

Ainsi, la frontière entre coaching et psychothérapie peut-elle se situer, ou s’observer dans la pratique, au niveau :

-        du professionnel, par choix ou de part le champ de ses savoir-faire,

-        des limites du « contrat » posées par le professionnel, la personne (client ou patient) ou l’entreprise,

-        de la nature de la demande et du contenu et du processus d’intervention.

 

 

Cependant, même s’il existe des zones de recouvrement entre les deux pratiques, le coaching n’est pas une psychothérapie. En effet le métier de coach se distingue de celui de thérapeute de part le savoir-faire nécessaire et par les sphères d’intervention.

 

Il est en effet possible, lorsqu’on observe ces métiers avec le souhait d’en définir les contours, de tracer la frontière qui les sépare.

 

Selon Jacques-Antoine Malarewicz, il suffit d’établir des distinctions entre 3 domaines de la vie du coaché (4) :

1.      la sphère professionnelle est celle qui concerne le contexte de travail et toutes les interactions qui s’y déploient.

2.      la sphère personnelle est celle qui constitue l’individu dans ses multiples dimensions, qu’il s’agisse de son caractère, de sa personnalité ou de son histoire. Nous sommes donc dans le domaine de la psychologie et de nombreuses notions ont été proposées pour décrire l’économie générale de l’individu. Cette sphère individuelle est impliquée dans la vie professionnelle dans un constant va-et-vient entre le groupe et la personne.

3.      la sphère privée renvoie à la vie affective et émotionnelle de la personne dans ses relations conjugales, familiales ou amoureuses. A l’instant où chacun  quitte son travail, il se retrouve dans sa vie privée.

 

Cette approche par les champs d’intervention est intéressante car objective. Elle permet de s’affranchir de la subjectivité que pourrait induire l’approche par les savoir-faire. En effet rien n’interdit à un professionnel de cumuler une pratique de coach et de thérapeute.

 

Même si aucune des sphères ci-dessus identifiée n’est « indifférente » ni « étrangère » aux deux autres – ceci en accord avec l’approche holistique de l’humain, l’irréductibilité de la complexité et l’intersubjectivité « proposée » par les systèmes en actions – ce découpage permet les associations suivantes :

-        le Coaching Professionnel s’adresse à la sphère professionnelle et concerne l’interface entre les sphères professionnelle et personnelle du coaché. Dans ce travail d’accompagnement pour un changement le coach appréhende le coaché en tant qu’individu membre d’un groupe professionnel. Il s’intéresse exclusivement à sa dimension personnelle immergée dans sa dimension professionnelle.

-        le Life Coaching s’adresse à la sphère privée et concerne l’interface entre les sphères privée et personnelle du coaché. Dans son travail, le coach de vie appréhende son client en tant qu’individu en relation familiale et sociale. Il s’intéresse exclusivement au présent et au futur de la dimension personnelle immergée dans celle privée.

-        une Psychothérapie implique essentiellement la sphère personnelle (voire privée dans une démarche de couple par exemple). Une démarche vers un psychothérapeute peut être aussi initiée à partir d’une souffrance vécue par l’individu dans l’une de ses sphères privée ou professionnelle. Le psychothérapeute appréhende le patient en tant qu’individu. Il s’intéresse exclusivement à la dimension personnelle dans et avec toute son histoire passée et présente.

 

D’autres éléments de frontières entre coaching et psychothérapie ressortent de l’observation de faits et des pratiques :

-        le plus souvent la décision de s’engager dans un Life Coaching ou une Psychothérapie provient de la  personne elle-même, en questionnement ou en situation de souffrance. Alors que dans le cas d’un Coaching Professionnel l’entreprise est généralement à l’origine de cette décision.

-        le choix d’un coaching centré sur la personne ou d’une thérapie est la plus part du temps une décision prise par l’individu. Ce choix est le résultat de l’existence, dans la tête de la personne, d’une frontière entre ces deux types d’accompagnement,

-        en général c’est le client (cas du coaching), ou le patient (cas de la thérapie), qui prend en charge les implications financières de sa démarche. Lors d’un Coaching Professionnel, c’est l’entreprise qui assume la charge financière,

-        la formation spécifique de psychothérapeute recouvre très partiellement celle de coach. De même le coach ne reçoit pas la formation d’un psychothérapeute. Ce n’est que par des actes volontaires (formations et pratiques) qu’un professionnel peut être coach et psychothérapeute. Dans ce cas le positionnement précis de la frontière entre Life Coaching (coaching centré sur la personne) et Psychothérapie (thérapie par la psyché) est du ressort du libre arbitre du professionnel compétent qui décidera, en relation avec son client, du champ d’intervention utile ou nécessaire,

-        une différence importante est qu’en Psychothérapie le patient est l’unique client du psychothérapeute (exception faite des thérapies de couple ou familiales), alors qu’en Coaching Professionnel au moins 2 clients, le coaché et l’entreprise, sont en relation avec le coach. Ils sont en droit de faire valoir leurs prérogatives en situation de coaching. (En coaching professionnel, le « contrat », ou accord entre les parties, est essentiel. Il comprend 3 dimensions : le contrat d’affaire (objectifs, conditions), le contrat relationnel (modalités informels) et le contrat secret (enjeux relationnels et psychologiques). De plus ce « contrat » n’est pas que bilatéral. Il met en jeu aussi l’institution. D’où la notion avancée par Fanita English de « contrat triangulaire », voire polygonal.)

 

L’acceptation de frontières entre Coaching et Thérapie est particulièrement sensible en ce qui concernant le Coaching Professionnel. En effet il ne semble pas sain de voir l’entreprise se mêler de la vie privée de ses collaborateurs.

Ainsi la confusion, entretenue ou pas, entre coaching et psychothérapie participe de l’intrusion des exigences professionnelles dans l’intimité des personnes.

 

Une autre manière d’apprécier les limites entre Coaching et Psychothérapie est d’explorer quelques spécificités de chacune de ces pratiques.

 

La posture de coach est celle d’un pair. Ce n‘est jamais le cas d’un thérapeute.

En effet une des principales qualités nécessaire au coach est de savoir méta communiquer, voire sur communiquer, tout en se situant dans la marginalité.

C’est ainsi qu’il peut prétendre avoir utilement communiqué avec son client (individu ou équipe) tout en construisant une relation basé sur la parité. Cette parité ne se situe pas dans le domaine des compétences professionnelles ou personnelles. Elle se joue dans la compétence relationnelle.

Cependant, parité ne signifie pas égalité. Le coach aura ainsi établi avec le coaché une relation autorisant la confrontation. Il aura ainsi créé les conditions de l’apprentissage de l’autonomie pour son client. De même il aura créé les conditions au sein d’une équipe d’une dynamique de groupe par l’inclusion (partage des représentations), la régulation et la déclusion (temps de séparation).

 

Cette parité de relation s’établit dans l’espace d’intersubjectivité coach-coaché en tant que lieu et catalyseur de co-construction du processus d’autonomie (concept d’Analyse Transactionnelle : dépendance, contre-dépendance, indépendance, interdépendance) qui concerne aussi bien les individus que les équipes.

 

Cette parité trouve un écho particulier dans le cas de coaching de dirigeants ou de cadres dirigeants. En effet « c’est bien parce qu’il arrive que le coaché, dans sa solitude hiérarchique, n’a pas de pair autour de lui, qu’il trouve dans la parole du coach ce qu’il ne peut attendre et espérer de ses collaborateurs » (4).

Cette parité relationnelle est essentielle. Elle donne au coach la liberté de parole et d’action utile à l’accompagnement d’un dirigeant dans sont identité professionnelle, et au coaché la liberté de quitter « sa souveraineté ».

 

Comme tout professionnel d’accompagnement au changement le coach doit avoir d’abord et avant tout de bonnes compétences relationnelles. Cependant, deux postulats essentiels président à une démarche de coaching :

-        le coach ne dispose pas de la solution,

-        la solution est chez le coaché.

Grâce à la nature de la relation établie,  par une démarche de type maïeutique, l’usage d’outils et approches qui répondent aux besoins identifiés, le coach accompagne son client vers sa propre solution.

Ainsi, et quel que soit le type de coaching, le coach participe à l’interaction au même titre que son client. De la nature et de la qualité de cette relation émerge la solution retenue par le coaché.

 

Ceci est la conséquence du système que constitue le coach et son coaché. Bien qu’il en soit de même du thérapeute et de son patient, des nuances ou différences s’introduisent entre les postures de coach et de thérapeute.

A partir du moment où un individu fait parti d’un système, qu’il soit acteur ou passif, (voire même momentanément absent), il ne peut prétendre à la neutralité.

 

Cela se traduit pour le coach en terme de savoir-être et savoir-faire relationnel, par :

-        pouvoir être à parité, associé dans la relation, avec un interlocuteur et donc avec son client. Et dans cette compétence relationnelle démontrer sa capacité à se mette en « position basse » (i.e. visiblement pour l’interlocuteur, ne pas disposer de la solution), tout en montrant la capacité de garder l’initiative des enjeux dans chaque phase du processus du coaching.

-        pouvoir se dissocier dans une situation donnée, c’est à dire être à la fois acteur et spectateur. Alors que le thérapeute entretien constamment la dissociation.

 

Ainsi, cette capacité de dissociation tout en étant en parité constitue une différence notable entre les postures types de coach et de psychothérapeute.

Le coach construit à chaque instant un ensemble d’interactions avec le coaché dans un mode de parité. Ceci tout en conservant l’initiative de cette construction, expression du processus et du sens de la démarche de coaching.

Si le coach est acteur il doit aussi être spectateur conscient. C'est-à-dire qu’il exerce une capacité relationnelle essentielle à son métier, la métacommunication. Ainsi, tout en étant dans l’interaction, il est capable, à chaque instant, et de manière fluide, d’en parler. Ceci grâce à un va-et-vient constant entre les positions d’acteur et de spectateur.

A la fois observateur et acteur, il observe sans se distancier. Il n’oublie jamais qu’il est lui-même contenu dans ce qu’il observe et acteur immédiatement présent dans la relation à l’autre.

Ceci en s’intéressant pratiquement exclusivement au présent et au futur de son client. Alors que le psychothérapeute, lui-même partie consciente du système qu’il constitue avec son patient, acteur et observateur, notamment des éléments transférentiels constitutifs de la relation, voire de la thérapie, s’intéresse au passé et au présent.

 

 

Nous avons vu que les sphères du Coaching et du Développement Personnel pouvaient être considérées plus ou moins disjointes.

Concernant le Développement Personnel, la frontière qui le sépare de la Thérapie est aussi difficile à cerner que celle entre Psychothérapie et Coaching. En fait les éléments de différenciation sont de même nature.

Les professionnels dans un souci d’éclaircissement ou de pré carré, ainsi que les utilisateurs avertis considèrent que généralement la Thérapie traite plutôt les souffrances psychologiques alors que le Développement Personnel s’intéresse plutôt à ce que la personne veut développer comme talents et réaliser comme projets.

 

Cependant cela se discute. En particulier, le coach peut éluder la question, mais le coaching centré sur la personne, que ce soit dans le « Life Coaching » ou lors de phases d’un « Coaching Professionnel », pose inévitablement la question de la frontière thérapeutique.

En effet, quelle que soient la motivation et la partie de lui-même que le client et le coach abordent lors de séances, la question se pose pour le professionnel responsable : est-ce du développement personnel, du coaching ou de la thérapie, et quelle thérapie ?

Ceci, que le travail sur la personne même fasse partie ou non du contrat initial, qu’il constitue le cœur même du coaching  (« life coaching ») ou qu’il survienne inopinément ou à l’initiative motivée d’une des parties en présence.

 

Ainsi est posée la question de la frontière thérapeutique, telle une fausse limite.

 

Le coaching est une forme spécifique d’accompagnement des personnes et des équipes. Elle s’occupe de la partie émergée de l’iceberg, laissant la partie immergée et la résolution des problématiques qu’elle révèle, aux formes d’accompagnement apparentées à la psychothérapie.

 

Cependant le coaching est aussi une forme intégrative d’accompagnement. C'est-à-dire qu’elle considère le client et son environnement dans son ensemble, sans pour autant s’immiscer dans ce qui relève de dessous la surface de flottaison. C'est-à-dire que le coach et son client (ou ses clients) focalisent leur travail sur l’ici et le maintenant de la problématique de la sphère privée, professionnelle ou managériale, tout en s’attachant à élargir le champ des possibles. Ceci, en restant dans le présent et tourné vers la réalisation du futur souhaité ; et généralement sans chercher à entrer dans les structures sous-jacentes liées à l’histoire passée, à la psychologie plus ou moins profonde ou à la vie intérieure des personnes.

 

 

La spécificité du coaching réside dans le fait qu’il n’a pas pour objet la réparation de l’histoire de vie de la personne ou de l’équipe coachée. Le coaching s’intéresse au vécu du sujet, c’est à dire au présent et à son extension (par continuité, changement ou consolidation) souhaitée par lui. Cette relation d’aide se déploie au plus à partir d’un processus d’actualisation de l’histoire du sujet, et essentiellement dans un processus de préparation de son futur. Il ne d’agit pas de procéder à un retour dans le passé tel que dans un travail thérapeutique.

Naturellement le passé du coaché (ou de l’équipe) peut être abordé, de même que des difficultés d’ordre psychologique ou relationnelle.

Ceci même distingue, selon la terminologie de l’école de Palo Alto (7), le « changement de niveau 1 » qui porte sur les comportements, du « changement de niveau 2 »  qui touche aux structures plus ou moins profondes de la personne (attitudes, croyances, valeurs, systèmes de représentation).

Ainsi, s’intéresser au passé, à l’intrapsychique, au système (personne(s), équipe, histoire, …) dans ses parties et son ensemble, est nécessaire pour susciter un changement profond de niveau 2. C'est-à-dire, pas simplement un changement par lequel la personne remet en cause ses comportements. C’est à cette condition que pourra se construire et s’installer un changement dans lequel sont remis en question : cadre de référence et représentation du monde, système de valeurs, schémas de pensées et d’actions.

 

Ainsi la pratique du coaching a beaucoup à gagner de l’expérience (reconnue et codifiée) plus ancienne des psychothérapies. Cet apport concerne tant la posture que le déroulé d’un coaching.

En effet le coach, tel le thérapeute doit continûment être en éveil :

-        à l’écoute du coaché et observateur de la relation ainsi créée entre coaché et coach.

-        et vigilant dans l’intersubjectivité, afin de détecter les phénomènes pouvant parasiter l’accompagnement (tels que : transferts et contre-transfert, processus parallèle ou processus secondaire et « hot potatoe » - cf. notion exprimée par Fanita English autour du concept d’épiscénario de l’A.T.).

 

L’objectif du coach, comme le thérapeute, est :

-        que son accompagnement s’exerce avec une neutralité suffisante (malgré l’inter-subjectivité inévitable), qu’il soit pertinent et juste,

-        qu’il puisse procéder aux réajustements, confrontations bienveillantes et régulation nécessaires.

Ainsi, le coach, tout en étant focalisé sur la partie émergée de l’iceberg, demeure attentif à ce qui se joue sous la ligne de flottaison pour son client et dans la relation coaché – coach.

 

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Vincent Lenhardt déclare (2) à ce sujet : « Le coach y parvient en mobilisant des ressources initialement développées dans le champ de la thérapie : l’intelligence émotionnelle, la mise en œuvre de la « troisième écoute », ou encore d’outils de diagnostic intégratifs tels que les bio-scénarios …».

 

L’écoute est essentielle tant pour le thérapeute que pour le coach. La PNL, notamment, attire l’attention sur l’expression, l’écoute et la synchronisation verbale et non verbale. Dans le même esprit, Vincent Lenhardt distingue 3 écoutes :

-        la « première écoute » de l’autre, c'est-à-dire recevoir et considérer le discours verbal.

-        la « deuxième écoute », c'est-à-dire l’identification et la prise en compte du non verbal (la voix et le para-verbal, les gestes et expression faciales, …).

-        la « troisième écoute » réside dans le ressenti, « l’écoute » de soi-même (sensation corporelles, états internes, réactions physiologiques, processus cognitifs, émotions, fantasmes et comportements externes) qui est source d’information sur soi en tant qu’émetteur et récepteur de ce que l’autre émet consciemment et inconsciemment.

 

La qualité d’écoute, commune aux métiers d’accompagnement et d’aide, permet notamment au coach, tout le long de son travail d’accompagnement :

-        d’identifier la zone d’intervention nécessaire (le coaché lui-même, la relation du coaché à la problématique ou/et à ses interlocuteurs, la relation de ses interlocuteurs à la problématique, la relation coaché – coach),

-        de déjouer, d’éviter ou de transformer les pièges des projections inconscientes, répétitions d’histoire de vie, de problèmes et de rôles vécus en d’autres lieux et temps.

 

« C’est ainsi que la relation redevenue « juste » peut constituer réellement le lieu d’une co-élaboration de solutions rétablissant la personne dans sa liberté, sa responsabilité et son choix de possibles. » Vincent Lenhardt (2).

 

 

Nous nous proposons maintenant d’aborder ce qui différencie le Coaching de la Psychothérapie à travers l’identification du « vrai besoin », du processus de réponse au problème et de satisfaction de la situation souhaitée.

 

Cette question intéresse tant la personne en recherche d’un accompagnement, que le thérapeute ou le coach en phase de qualification de la demande, ou encore l’entreprise face à l’utilité de faire coacher un manager.

 

L’identification d’un vrai besoin de coaching ne doit pas perdre de vue que :

-        un coaching a toujours un objectif, celui de la personne. Le coaching vise à accompagner la personne qui exprime une volonté de changement pour elle-même,

-        le coaching se déroule à partir et autour de l’axe de la demande initiale, explicite ; et quelle peut évoluer vers la demande latente, implicite,

-        à travers la confrontation bienveillante, les moments de régulation (cas d’un coaching d’équipe), le rôle du coach est de permettre à la personne (où à l’équipe) de satisfaire son besoin exprimé et d’atteindre son objectif,

-        concernant le coaching professionnel commandité par l’entreprise, la personne accompagnée partage a priori son objectif avec l’entreprise,

-        le coaching managérial a pour finalité de développer la personne dans son parcours professionnel (« l’important ») en s’appuyant sur ce qui fait sens pour elle au-delà et dans le champ professionnel (« l’essentiel »).

 

Afin d’éviter le mélange des genres il convient de souligner que des différences de propos et de démarche :

-        le coaching s’intéresse au « comment faire » ?

-        la psychothérapie s’intéresse au « pourquoi » ?

Par exemple, le « pourquoi le client paraît-il démotivé » ne présente en fait peu d’importance pour le coach. Car ceci appartient en priorité à la personne et à son l’histoire. Pour le coach ce qui est important est « comment son client va développer sa motivation », si là est sa demande.

-        le coaching s’exerce dans un espace temps fini, prédéterminé et contractualisé,

-        il est rare qu’une psychothérapie fixe un objectif contractualisé. On sait quand débute une thérapie,  on ne sait que rarement quant elle se termine.

 

Le passage de la demande aux indicateurs de résultats et leur usage constituent aussi des règles inhérentes au coaching, ce qui le différencie de la psychothérapie :

-        Avoir une demande motivée = pas de demande exprimée par la personne (ou par l’équipe), pas de coaching.

-        Fixer un contrat d’objectifs coach-coaché (ou triangulaire : coach-entreprise-coaché) = pas de contrat pas de coaching.

-        Fixer (au début du coaching) des indicateurs de résultats dans le temps = pas d’indicateur de résultat (ou/et de progression), pas de coaching. Au cours de la session de bouclage ou de points intermédiaires, le coaché pourra ainsi utiliser les indicateurs de résultats, pour apprécier ceux de ses objectifs atteints et ceux qui ne le sont pas. Il est nécessaire que ces indicateurs de résultats soient exprimés par le coaché, ou pour le moins qu’il les fasse sien.

-        Vivre le coaching dans l’action = pas d’action, pas de coaching. Grâce à ses indicateurs de résultats le coaché prendra conscience de sa responsabilité dans ses changements (sphères professionnelle ou personnelle). Ainsi il fera les choix et mènera les actions nécessaires.

 

En conclusion, le coach a pour vocation, durant le coaching, à encourager l’initiative du coaché, et à s’effacer à l’issue du coaching. Le coaché n’ayant plus besoin du coach, le coaching est terminé. Le coaching est une marche vers l’autonomie du coaché.

 

 

Bon d’accord, le coaching n’est pas une psychothérapie. Mais à y regarder de près, les choses sont plus complexes :

-        le cadre formel du coaching n’est pas présenté comme un cadre thérapeutique. Cependant de nombreuses techniques de coaching sont issues de techniques psychothérapeutiques clairement codifiées. Ainsi ces techniques dérivées peuvent-elles avoir des effets thérapeutiques à l’insu des protagonistes.

-        l’analyse d’une demande de coaching est essentielle. En effet ce n’est parce qu’une personne sollicite un coaching que l’indication de coaching est pertinente.

L’identification, lors d’un questionnement préalable, du « réel » de la personne et de l’écart entre la situation vécue et celle souhaitée, permet au coach de poser un diagnostic sur le besoin à satisfaire. Ainsi peut-il répondre à la question : s’agit-il d’une authentique demande de coaching où d’une demande de psychothérapie, où faudrait-il envisager les deux types d’accompagnement ?

De plus il n’est pas rare qu’un coaching soit demandé parce que pousser la porte d’une psychothérapie serait trop impliquant. De même il arrive qu’une personne évoque un problème dans  sa sphère professionnelle lors qu’en fait il souhaite traiter une difficulté ordre personnelle ou privée (timidité, familiale, affective, …), ou que celle-ci est sous-jacente.

-        dans le Life Coaching, ou coaching centré sur la personne,  les objectifs à atteindre impliquent l’individu (savoir résoudre un conflit, mieux communiquer en public, être plus motivé, savoir dire non, …). Une telle demande s’exprime parfois sur fond psychopathologique. Le coach devra alors savoir changer de contexte s’il est aussi psychothérapeute, ou adresser son client au professionnel adéquat dés qu’il en aura repéré  la nécessité.

 

Sur ces deux derniers points Rolland Brunner (Psychanalyste, Vice-président de l’Institut Psychanalyse et Management, cofondateur de la SFCoach) déclare : 

-        « Ainsi si le coaché a décidé de faire sa thérapie en douce, sa thérapie « by the way », avec un coach, laissez-le faire. Après tout on peut très bien faire jusqu’à un certain point sa thérapie en faisant du théâtre, de la danse, de l’équitation ou de la voile. Alors pourquoi pas avec du coaching ? »

-        « Le coach se doit d’accompagner son coaché, dans sa régression facilitée par le transfert. Il doit laisser le coaché exprimer sa souffrance et sa plainte ; car le fait de dire, c'est-à-dire l’abréaction, a en soi un effet sédatif ».

 

Cependant, Rolland Brunner souligne certaines contre-indications au coaching qui se situent au niveau d’éventuelles pathologies :

-        « le coaching ne peut prendre tout son sens et son efficacité que pour des sujets névrotiques, c'est-à-dire de structure « normale » ou de structure limite, c’est à dire de structure « pseudo névrotique ».

-        la structure perverse : « Il convient de rappeler ici, qu’avec le pervers, on ne peut être que complice ou moraliste, mais jamais coach ».

-        la structure psychotique : « l’activation de l’imaginaire par le processus même de coaching, risque de mettre en route chez le sujet un processus de décompensation pouvant déboucher sur un accident psychiatrique majeur, une bouffée délirante par exemple ».

-        un sujet souffrant d’une pathologie psychiatrique avéré.

 

 

L’ambigüité de pratique, parfois cultivée, entre Coaching et Psychothérapie survient en plus dans un contexte  d’évolution de la réglementation de la profession de psychothérapeute.

 

Le premier des droits de la personne qui souhaite un accompagnement est de pouvoir faire un choix suffisamment éclairé.

 

Les débats qui ont précédés la loi encadrant la pratique de la psychothérapie et l’usage du titre de psychothérapeute (juin 2009), visaient à protéger le public en lui donnant accès à des professionnels compétents lorsqu’il a recours à un psychothérapeute.

Au préalable, il a fallu définir ce qu’est la psychothérapie, ainsi que ce qui la différencie des autres formes d’intervention dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines.

 

Selon le rapport Trudeau, l’élément principal est que la psychothérapie « est un traitement psychologique pour un trouble mental, pour des perturbations comportementales ou pour tout autre problème entraînant une souffrance ou une détresse psychologique »

 

Par exclusion du champ de la psychothérapie, et bien qu’il n’y ait pas une définition unique et officielle du coaching, il apparaît ainsi que le coaching n’est pas une psychothérapie. Aucun professionnel ne doit donc prétendre offrir un traitement sous l’appellation de coaching.

 

A travers ses différentes définitions d’auteurs et d’associations, le coaching se décrit par des objectifs de développement de la personne et des équipes dans leur rôle ou dans un contexte donné.

 

Qu’il soit pratiqué par des psychologues ou non, comme toute activité professionnelle, le coaching nécessite une formation spécifique et une expérience appropriée.

En effet un psychologue clinicien n’ayant jamais travaillé en entreprise serait mal inspiré de s’improviser coach managérial ou d’organisation. De même un coach non suffisamment formé aux techniques psychologiques ne pourrait se déclaré psychothérapeute.

 

Chacun des organismes compétents, que ce soit ceux défendant les intérêts des psychothérapeutes (le Syndicat des Psychologues en Exercice Liberal- SPEL, …) ou les intérêts des coachs (la Société Française de Coaching - SFCoach, la Fédération Internationale de Coaching – ICF, …), dicte des règles déontologiques à ses adhérents. Le respect des règles par les professionnels constitue la base même de leur crédibilité auprès du public.

 

Parmi les règles essentielles, rappelons l’importance pour le client que soient bien clarifiés les objectifs, les méthodes et le cadre de l’intervention proposée.

Seule une bonne évaluation (de quoi s’agit-il, quelle est la situation ? Ecologie de la demande, …) permet de savoir si la personne peut être aidée par un coaching ou une psychothérapie.

 

De plus cette évaluation permet au professionnel de déterminer le contenu de l’intervention et d’en piloter le processus.

Selon Vincent Lenhardt (1) « il est indispensable, au préalable et en permanence pendant le travail de coaching, de gérer les paramètres de la relation coach-client (de la définition du réel à l’élaboration d’un contrat minimum)… Faute de ce travail préalable, le positionnement du coach risque d’être « à côté de la plaque ».

 

Pour Rose-Marie Charest (Présidente de l’ordre des Psychologues du Québec) « seule une bonne connaissance des limites de sa propre compétence et de l’expertise développée par d’autres collègues pourra guider la personne vers la ressource la plus appropriée pour elle. La rigueur n’est pas un frein  au développement de nouvelles pratiques. Elle en est la base ».

 

 

 

Pratique et limites du coaching

 

En synthèse, il s’agit ici d’éclairer la pratique du Coaching en précisant ses limites vis-à-vis du Développement Personnel et de la Psychothérapie. 

 

 

Le coaching ayant été introduit en France en provenance des USA, nous pouvons nous poser la question de l’impact du facteur culturel dans sa pratique. Faut-il distinguer un coaching de style « américain » et un coaching de style « français » ?

 

Le style « américain » s’appuie sur le GROW  (Goal, Reality, Options, and Will)  avec les questions «what - when - where and how». (Cf. John Whitmore : « le guide du coaching – Coaching for Performance », et Max Landsberg : «The Tao of Coaching »).

 

Cette méthode signifie “progresser” et se matérialise par quatre étapes :

-        Goal = fixer l’Objectif pour le coaching et la séance,

-        Reality =  examen de la Réalité et de la situation présente,

-        Options = étude des Options possibles pour atteindre l’objectif fixé

-        Will = Plan d’Action en définissant « qui, quoi, quand, où et comment », tout en évaluant le pourcentage de chance pour que chaque tâche soit effectivement accomplie dans le délai imparti.

 

Le « coaching américain »  fonde son style sur :

-        la conviction que la seule solution qui motive vraiment une personne est celle qu’elle a elle-même trouvée. Sur ce point pas de différence avec le «  coaching français ».

-        le rôle du coach, tout en restant neutre, est de poser à la personne des questions miroirs qui l’engage à une investigation approfondie de son problème. Le coaché est ainsi stimulé dans sa compréhension du problème et sa progression vers sa propre solution. Sur ce point une différence de pratique (et non de fond) s’est installée du fait d’une certaine aversion des français à devoir se soumettre à un questionnement les poussant dans leurs retranchements.

-        dans le contexte professionnel, le coach évite l’intrusion dans la sphère privée (autre que familiale) c’est à dire ce qui relève « du monde », alors que l’on parle facilement de sa famille. En France exprimer « ce que l’on pense du monde » ne pose pas de problème, alors que l’on est beaucoup plus discret sur sa famille.

 

Les américains sont tout à la fois pragmatiques et normatifs. Ils sont dans une logique « Just do it ». Ainsi, dans la culture américaine il est convenu que :

-        le coaché est volontaire, et de ce fait il joue le jeu en répondant aux questions selon le schéma retenu par le coach,

-        l’essentiel est que cela marche. Les modèles et procédures mis en place doivent être simples et efficaces. L’acceptation du droit à l’erreur permet d’en changer sans difficulté,

-        l’attention est portée sur les compétences du coach et essentiellement sur son efficacité.

 

Ainsi, les coachings pratiqués aux USA et en France sont effectivement différents. Cependant, il est probable que chaque style gagnerait à s’enrichir de l’autre.

 

Le style « américain », anglo-saxon, est pragmatique, tourné vers le problème et la recherche de la solution à mettre en œuvre. Il vise l’efficacité avant tout. Probablement gagnerait-il en profondeur et en ampleur en :

-        s’intéressant aux 4 crans du curseur (du niveau individuel au niveau structure, en passant par les niveaux « interindividuel » et « groupe »),

-        intégrant dans le champ du coaching l’importance du processus d’intersubjectivité coach – coaché,

-        acceptant que l’attention au développement de « l’être » puisse être plus essentielle que l’efficacité et la performance du « faire ».

 

Le style « français », par son côté latin, est plutôt tourné vers « la personne » du client. Il tend à s’intéresser au sens, à la finalité, aux motivations, plus qu’à l’objectif et aux étapes à expliciter pour l’atteindre. Ce coaching se plait à tenir compte de la complexité inhérente à toute situation et problématique. Cependant il gagnerait probablement à être plus attaché à l’efficacité et accepter l’idée de la performance.

 

 

En fait, au-delà des clivages culturels ou de pratique, le Coaching peut aider à se réaliser en soi (dans sa vie personnelle), à partir de (cas du coaching professionnel) ou vers (cas du life coaching) une validation professionnelle ou privée (familiale, sociale).

 

La complexité des hommes, des organisations et des contextes a amené Vincent Lenhardt (1), dans une démarche didactique, à travers la pratique « du Coaching et du Team building combinés », à conceptualiser la notion d’Identités Intégrées, afin de penser l’action du coach individuel et d’équipe.

Ainsi il identifie cinq enveloppes d’identité : l’identité personnelle (du manager), l’identité managériale (le responsable, le « leader »), l’identité relationnelle, l’identité de l’équipe et l’identité culturelle (de l’entreprise).

Ce modèle systémique, développé dans le champ professionnel nous paraît transposable, au vocabulaire près, dans le champ privé (famille, social).

 

La personne coachée se trouve au centre de chacune de ces enveloppes. Le coaching engage (directement ou indirectement) les différents vecteurs de développement de ces couches identité. Le coach, par sa vision et une approche « holomorphique », (le tout est dans la partie, la partie est dans le tout), et intégrative, aide le coaché à profiter du développement intégrer de chacune de ses enveloppes.

 

Le Développement de l’Identité Personnelle comprend d’une part le travail thérapeutique, et d’autre part le travail de développement personnel. Vincent Lenhardt en synthétise les deux volets dans le tableau suivant (1) :  

 

Thérapie

Développement Personnel

·        Régression

·        Passé

·        Petite enfance

·        Papa, maman

·        Travail sur les émotions

·        Les « scénarios »

·        L’Inconscient

·        Ici et maintenant

·        Attitudes et croyances

·        Comportement

·        Compétences :

-         écoute

-         communication

-         changement

Ne peut pas être abordé par le manager ou le coach. Cependant il gagne à avoir un minimum de « culture » en ce domaine

Peut-être abordé par le manager ou le coach.

Lieu de prise de conscience et d’entraînement intensif nécessaire.

 

 

Ainsi nous retrouvons la frontière perméable entre coaching et (psycho)thérapie, et l’émergence du coaching vis-à-vis du développement personnel.

 

D’une part, la psychothérapie s’adresse au champ des inconscients (personnel et collectif), du travail corporel (sensations et ressentis), des émotions, sentiments et pensées, des scénarios de vie élaborés dans l’enfance (voire dès la phase prénatale), des figures parentales et d’autorités, ainsi que de la généalogie.

 

Ni le manager, ni le coach professionnel n’ont les moyens, la formation et protections nécessaires pour aborder ces sujets.

 

D’autre part, le développement personnel s’adresse au champ des positions de vies (« ce que je pense de moi et ce que je pense de l’autre »), des attitudes et comportements. L’ouverture au développement intérieur de la personne concerne :

-        sa carte du monde ou représentation de la réalité : l’ensemble des croyances fondamentales qu’elle a sur elle-même, sur les autres et les événements,

-        la façon dont elle utilise ses valeurs et croyances pour justifier ses décisions, ses comportements et sa relation aux autres.

 

Cette ouverture et ce développement intérieur (capacité d’écoute, de communication et à gérer ses émotions aux changements) conditionnent la capacité de changement de la personne. Ceci afin qu’elle puisse s’ouvrir aux changements et en assumer les conséquences et paradoxes éventuels (tels que pour un manager : être à la fois vis-à-vis de son équipe ou de l’entreprise dans son ensemble, « responsable donneur d’ordre », « responsable ressource » et « responsable porteur de sens »).

 

Il devient clair que le coaching à dimension professionnelle a pour priorité première d’accompagner le responsable dans son rapport à son Identité Managériale. Ceci en l’aidant à développer une sécurité ontologique suffisante, mais indispensable, comme base de stabilité intrinsèque et d’accueil du changement.

 

Ainsi le coaching managérial n’est pas sans affecter l’Identité Personnelle du manager ou du dirigeant, et réciproquement. Il impacte aussi de manière « holomorphique » son Identité Relationnelle, ainsi que l’Identité d’Equipe et l’Identité Culturelle de l’entreprise.

 

Le coaching permet aussi d’agir directement sur le développement de l’Identité Relationnelle de la personne ou du manager (capacité à communiquer, à métacommuniquer et à surcommuniquer).

 

Le team-building (dynamique d’équipe) ou le coaching d’équipe (atteinte d’un objectif externe) agit sur l’Identité d’Equipe (managée par le responsable, et dont il fait partie).

 

Le Coaching d’Organisation (Organization Development) permet d’agir sur l’Identité Culturelle, notamment en accompagnant le dirigeant ou l’équipe dirigeante dans la « gestion de la complexité » (cf. Edgar Morin) ; complexité dans laquelle évoluent les personnes, les équipes et l’entreprise ou l’organisation, en interaction avec l’environnement économique, sociétal et naturel.

 

 

La « sécurité ontologique » évoquée plus haut est évidemment un état d’être qui ne se décrète pas, d’autant plus dans le modèle linéaire et activiste occidental orienté vers la réussite (logique séquentielle « avoir – faire – être »). Elle est le résultat d’un cheminement personnel et d’expériences diverses suffisamment intégrées.

 

Le métier est un facteur très important du développement identitaire et de sa validation. Cependant si le métier est affaire de compétences et de savoir-faire, son exercice repose toujours, plus essentiellement, sur une façon de se constituer en tant qu’homme ou femme, et de voir le monde.

 

Ceci revient à admettre le sens profond du « modèle être » oriental, spiralé vers et à partir de l’intérieur de soi, où la réussite n’a pas de définition extérieure à soi. C’est « être authentique », ce qui conduit au « faire juste » et peut nécessiter « l’avoir utile ».

 

Dés lors, où commence et en quoi consistent le développement personnel et le développement managérial ? Plus largement, qu’en est-il des (psycho)thérapies et du coaching, qu’il soit professionnel ou de vie ?

 

Le modèle de « la colonne vertébrale du sens et ses neuf niveaux d’identité » élaboré par Vincent Lenhardt (1) – (2) permet de répondre à ses questions.

 

Cette représentation en 9 niveaux facilité l’accueil de la personne dans sa globalité et de « replacer l’essentiel au cœur de l’important ». La pluridimensionnalité du coaching et de la thérapie y apparaissent, ainsi que leurs champs privilégiés d’exercice, tout en autorisant pour chacun des spécialisations.

 

En effet le modèle de la « colonne vertébrale du sens et ses 9 niveaux d’identité » permet :

-        de formaliser l’idée que l’accompagnateur, qui s’inscrit dans une relation d’aide, doit prendre en compte la globalité de l’être humain et de son contexte. Ceci afin que l’accompagnement spécifique demandé réponde : au projet d’évolution de la personne, ainsi qu’à l’émergence de  ses potentiels et au développement de leur expression.

-        d’introduire une structuration de l’identité de la personne en relation avec son environnement, qui conduit, tant le thérapeute humaniste que le coach à comprendre et à accueillir « la part essentielle » de l’être humain (la vie personnelle et privée), pour la placer au « cœur de son important » (la vie professionnelle et sociale).

 

 

Les 9 niveaux identitaires distincts et corrélés constitutifs du sujet humain sont ainsi décrits (Vincent Lenhardt - (1) et FAQ Coaching. Ed. Dunod) :

 

 

 

1. Environnemental : Identité politique et sociale, appartenance associative, identité nationale, localisation géographique, …

 

2. Organisationnel : Correspond à l’appartenance à une entreprise qui fait que la personne se sent porteuse de la pérennité de l’entreprise à travers son action. Les enjeux diffèrent selon l’entreprise et son environnement.

 

3. Managérial : Correspond à l’identité définie par la fonction. Le poste occupé, la façon dont la fonction est définie, le stade de développement de la personne (technicien, manager, leader), la rémunération, le pouvoir sont déterminants.

 

4. Professionnel : Correspond au trajet que suppose le développement de la compétence dans le métier. Ce niveau résulte d’un cheminement, de l’ensemble des compétences développées dans un domaine professionnel, par la formation et l’expérience.

 

5. Vie privée : C’est l’espace de la vie familiale, intellectuelle, culturelle, lieu d’appartenance sociale, libéré de l’entreprise entrepreneuriale. Espace individuel mais non sans lien avec l’espace travail et social.

 

6. Psychologique : Vie psychologique et plus particulièrement domaine du développement personnel et éventuellement de la thérapie. Un déficit identitaire à ce niveau ne peut pas ne pas retentir sur la vie professionnelle de l’individu. Espace personnel mais non sans effet sur l’espace travail et social (la personne y transporte son inconscient, son histoire, ses émotions, son vécu affectif, …)

 

7. Existentiel : Valeurs qui font « ma vie ». Valeurs qui émergent face à la problématique de la mort. Objectifs, valeurs, expériences qui font que la vie vaut la peine d’être vécue, lui donnent un sens. Les choix professionnels et privés de la personne en sont grandement issus  d’une logique de causalité avec le passé et d’une finalité avec le futur projeté. 

 

8. Spirituel : Sens de la vie qui est défini par l’anthropologie spirituelle et qui fait que « mon existence » est fondée sur une identité qui dépasse « ma propre personne » et qui correspond à une communauté humaine ou dans une conviction  de ce qui existe au-delà du visible.

 

9. Confessionnelle : Sens de la vie défini par le contenu d’une foi personnelle partagée avec d’autres qui, au-delà d’une spiritualité tolérante vis-à-vis d’autres spiritualités, affirme une différence et une spécificité irréductible. Cet espace est source de centrations à soi, à l’autre, à la société, etc., différentes selon les confessions.

 

 

L’identification de ces strates identitaires présente divers intérêts :

-        Elle permet une certaine « décomplexification » : une approche niveau par niveau de la complexité inhérente à la personne, sans pour autant les décorréler ou risquer de perdre durablement de vue leur interaction ou potentiel d’interaction.

 

-        Elle conduit à reconnaître ou à suggérer différentes formes de relation d’aide – le la posture au métier – plus ou moins spécialisées par strate. L’accompagnateur confessionnel ou spirituel n’est pas le psychothérapeute, de même que ce dernier n’est pas le coach. Le consultant en stratégie, pas plus que le formateur en management, ne sont coach ou thérapeute. Ceci permet de clarifier les rôles. Ce qui est essentiel tant pour le professionnel (facteur de déontologie) que pour son client (vecteur d’autonomie).

 

-        Elle facilite, voire impose,  tant pour le thérapeute que pour le coach, sans pour autant amalgamer leur rôle, l’approche holistique de la personne (du grec « holos » = « le tout »). C'est-à-dire une vision de la globalité de l’individu tenant compte de ses dimensions physique, mentale, émotionnelle, familiale, sociale, culturelle, spirituelle. Ainsi le professionnel accueille la personne dans sa globalité structurée. Il évite de découper l’individu en rondelles désarticulées.

 

-        En particulier elle permet de « mettre l’essentiel au cœur de l’important » (Bertrand Martin) - (8). En effet cette approche pluridimensionnelle de la personne impose au coach d’accueillir l’important – soit la problématique présentée et les choix de vie (personnelle, familiale, professionnelle, sociale) –  sans oublier qu’il est l’émergence de l’essentiel –  structures plus profondes de l’identité du coaché, plus inconscientes ou fondamentales (psychologiques, existentielles, spirituelles et confessionnelles). Les niveaux de sens de cet essentiel permettent d’éclairer l’important qu’ils déterminent.

 

 

Qu’il soit professionnel ou de vie, l’enjeu du coaching consiste à accueillir, comprendre, aider (tout en restant dans son registre) à  identifier la part de « l’essentiel » de l’être humain (la vie privée, personnelle et familiale ; les niveaux 5 à 9) afin que cet « essentiel » émerge au cœur de « l’important » (la vie sociale et professionnelle ; les niveaux 1 à 5). Le niveau 5, « le privé », étant plus ou moins concerné selon les types de coaching.

 

S’il est clair que le coach se centre sur « l’important » et qu’il n’a pas à traiter « l’essentiel », il est cependant de bon sens que le coaché ne se développera durablement ou atteindra son objectif de manière « écologique » (pour lui-même et son entourage) qu’en construisant une cohérence entre ses dimensions. Aussi le coach doit-il amener son client à « mettre l’essentiel au cœur de l’important ».

 

« L’important » concerne la vie sociale, organisationnelle, managériale et profesionnelle du coaché. « L’essentiel » constitué des autres niveaux identitaires de la personne ne peut pas être ignoré tant par le coach que le coaché. En tant qu’acteur, ce dernier devra faire ses choix et mener son action en conscience de l’essentiel à préserver dans sa vie. Ce peut être par exemple la mise en évidence de valeurs familiales ou existentielles à respecter dans une problématique professionnelle.

Le coach n’oubliera pas que « l’important » (la valeur ajoutée trouvée dans la vie profesionnelle et sociale) est conditionnée par « l’essentiel » (le sens de la croissance de l’être, ses valeurs). Il s’y emploiera, par un processus de coaching permettant l’émergence, par son client, du sens liant son « important » et son « essentiel ». 

 

Le Life Coaching s’intéresse spécifiquement au domaine privée qui regroupe les dimensions personnelle et familiale. Il s’intéresse aussi à la dimension sociale.

Le Coaching Professionnel s’intéresse spécifiquement aux trois domaines : professionnel, managérial et organisationnel. Le coaching d’un manager commandité par l’entreprise, est naturellement centré sur « l’important ».

 

Cependant, dans les deux types de coaching, chacun des niveaux d’identité y sont à « écouter » selon leur spécificité, niveau d’ordre et logique propre.

En particulier, le « développement d’un dirigeant » est non seulement centré sur les 3 niveaux de son identité lié à « l’important », mais il porte aussi sur l’ensemble de ce qui constitue sa personne.

Ainsi il s’agit d’intégrer chaque niveau de la « colonne vertébrale du sens » sans mélanger « l’important » et « l’essentiel », un peu comme pour s’assurer d’un équilibre global sachant qu’une colonne vertébrale ne vaut que ce que vaut la plus faible de ses vertèbres.

 

Ainsi le Coaching se distingue de la plus part des pratiques de Développement Personnel par son approche intégrative à 3 dimensions qui vise à la compréhension, la construction et à l’expression  identitaire de la personne. Cette intégration opère tant  sur l’axe vertical des « 9 niveaux d’identité » de la personne que sur le plan horizontal représentant les espaces où se déploie et s’exprime sa vie, en relation avec « l’autre » (l’environnement, le sociétal, l’économie, le psychologique, le politique, le métaphysique, …).

 

Ainsi le coach devra suffisamment appréhender tout ou partie de ces espaces afin de comprendre les enjeux pour son client et pouvoir intervenir, selon l’expression de Vincent Lenhardt (2), « tel un ostéopathe du sens ».

 

En effet, tout en évitant de toucher directement aux « jardins privés » de la personne, le coach l’aide à « remettre l’essentiels au cœur de l’important », à se centrer, à se redresser et à grandir dans son « important » en conscience de son « essentiel ».

Ainsi, tel un « ostéopathe du sens », il engage et accompagne son interlocuteur à créer ou à retrouver un équilibre en mobilisation et en s’appuyant sur toutes les « vertèbres » de son identité. En accord avec lui-même, en sens avec ses valeurs, il l’aide pour le moins à réduire les contradictions et déséquilibres entre les différentes dimensions de son être et de sa vie, tout en agissant pour l’atteinte d’un objectif exprimé à partir de son présent.

 

Pour cela, la caractéristique première du coaching étant d’être intégratif, le coach « décomplexifie », « désamalgame »,  articule et combine les différents niveaux et champs de description et d’expression de l’homme ou de l’équipe dans leur contexte. Ainsi s’ouvrent des points de vue partiels et complémentaires, holomorphiques et systémiques sur l’individu, les relations interindividuelles, le fonctionnement des groupes et organisations. Ce qui permet, pendant et en synthèse de l’accompagnement, de dépasser le morcellement que propose « l’important » pour appréhender la personne ou l’équipe dans sa complexité et sa dynamique. 

 

Le coach ne travaille pas sur les mêmes champs, ni avec les mêmes contraintes, enjeux, ou modalités qu’un psychothérapeute ou qu’un « accompagnateur spirituel ».

Cependant, si le coach focalise contractuellement sur les niveaux de « l’important » (le projet du client ; sa volonté d’évoluer ou de changer ; les nouveaux modèles de pensées et actions à mettre en œuvre dans un contexte opérationnel ; …), il ne peut pas faire abstraction des autres niveaux sous-jacents qui représentent « l’essentiel » dans la vie du coaché (ses liens affectifs, ses valeurs et croyances, sa structure psychologique, ses émotions et comportements, …).

 

Par exemple des traumatismes de l’enfance, certains problèmes affectifs non résolus, sa construction vis-à-vis de l’autorité, des croyances philosophiques, religieuses ou existentielles peuvent impacter de manière importantes la façon qu’à l’individu de vivre son « important ».

 

Par le questionnement bienveillant, l’écoute, la reformulation, la métacommunication, le coach est là pour accompagner son client à interroger son « essentiel » et à accueillir les différentes dimensions de son identité. Ce travail conduit la personne à prendre conscience des enjeux et lui permet de définir des étapes et priorités dans les actions nécessaires au changement visé.

 

Le coach doit savoir orienter les personnes vers la forme de relation d’aide ad hoc. Dés le premier entretien, et tout le long de la relation avec le coaché, le coach doit être attentif aux limites de son intervention en terme d’éthique et de compétence.

 

Souvent, le coach intervenant en entreprise rencontre des problématiques professionnelles qui ne peuvent se résoudre sans un travail des personnes sur elles-mêmes relevant d’une psychothérapie ; ceci afin de permettre un nécessaire changement suffisamment profond touchant à leur structure psychologique et réactions émotionnelles. Le coach reste dans son rôle en décelant ce besoin, puis en aidant les personnes à saisir l’intérêt d’un travail thérapeutique et à en choisir la démarche.

 

L’expérience et la culture du coach doivent aussi lui permette de prendre en compte les cadres de références existentiel, spirituel ou confessionnel de son client. Pour autant le coach n’est pas un guide spirituel. Si nécessaire, il engagera son interlocuteur à cheminer avec un accompagnateur spécialiste de tel ou tel système de valeurs et de croyances.

 

 

La frontière entre psychothérapie et coaching peut sembler ténue, elle n’en est pas moins réelle. 

 

Le mot même de « thérapie » suppose un travail de réparation de blessures, donc du passé. Ces blessures peuvent être plus ou moins profondes, concerner le  psychisme d’une personne ou la dimension systémique d’un groupe.

 

Le coaching est une relation d’accompagnement d’un sujet (personne ou équipe) dans « l’ici et maintenant ». Le passé est assumé afin de mieux s’appuyer sur le présent pour construire le futur.

Le coach ne cherche pas à réparer les blessures du passé. Il aide son client à  prendre conscience de ses forces et de ses faiblesses, afin de gérer ses émotions et de libérer son énergie, à confronter son assise identitaire en éclairant son « important » par son « essentiel ».

Le but du coaching est que le coaché ouvre le plus largement possible le champ de ses possibles et prépare son avenir.

 

Le coaching emprunte au champ de la psychothérapie nombre de ses concepts et outils. De plus il y a bien dans une relation de coaching mise en œuvre d’un processus réparateur. Mais, d’une part cette réparation n’ambitionne pas la même profondeur que dans le cas d’une thérapie ; et d’autre part la réparation dans le cas du coaching reste indissociable de la construction de l’atteinte de l’objectif exprimé par le coaché.

 

Cependant la démarche intégrative du coach, qui s’inscrit dans un espace d’intersubjectivité, vise le « développement durable » de la personne, tant dans son identité propre que dans ses relations aux autres.

En cela le coaching se rapproche des thérapies holistiques ou humanistes qui interrogent le concept de « maladie » en tenant compte de la globalité de l’être physique, émotionnel, mental et spirituel, restituent à la personne la responsabilité de son chemin de vie et ne s’excluent pas de la relation.

Le coach n’évacue pas les problématiques du transfert et de l’inconscient. Mais son plan d’intervention ne se focalise pas sur la résolution des névroses afférentes, à la différence d’une cure analytique freudienne ou jungienne.

 

D’une certaine manière, du fait que le coaching opère à la fois sur le plan vertical de l’identité de la personne, et sur le plan horizontal des espaces externes de sa vie,  il s’intéresse à une réalité humaine plus vaste que ne le font les (psycho)thérapies. Ceci, sans pour autant à l’instar d’une psychothérapie  investiguer en profondeur les fondements de la partie inconsciente de cette réalité.

 

La manager engagé dans un coaching professionnel ne laisse pas à la maison une partie de lui-même. Ainsi s’il questionne un coach pour un accompagnement au « niveau interindividuel », le plan d’intervention du coaching s’appuiera sur une vision systémique axée sur les relations, mais aussi sur les dimensions émotionnelle et psychologique de la personne.

 

De par cette démarche intégrative, l’accompagnement du coaching exige de ne pas « découper la personne en rondelle », bien que la vision « holomorphique » permette de s’intéresser à une partie sans pour autant oublier le tout, ou d’aborder le tout à travers une partie.

Cette même approche fait que le coach n’ignore pas que la personne et ses parties, notamment celles intrapsychiques, hors du champ contractuel du coaching, forment un tout interagissant ! Il en est de même de la personne et des systèmes (couple, famille, entreprise, société, …) dans lesquels elle évolue.

 

 

Guidé par une démarche intégrative visant à comprendre l’être humain dans sa globalité et immergé dans un environnement parfois complexe, le coach doit gérer en permanence les diverses interfaces de son métier avec ceux de conseil, de formateur, de manager et de thérapeute, ceci tout en satisfaisant au paradoxe « d’aider l’autre à être autonome ».

 

Coach et coaché sont dans des postures qui ont en commun de devoir surfer sur une complexité dont seule la partie émergée peut-être consciemment investiguée.

Bien que la majeure partie de cette complexité reste inconsciente, son rapport à la construction identitaire de la personne et à la recherche de sens ne peut être ignoré.

 

Aussi, tout ceci impose au coach de s’investir dans une attention éthique constante et de faire preuve d’un engagement déontologie rigoureux. Sur ce point le coaché est particulièrement fondé d’être exigeant.

 

Vincent Lenhardt, dans son école « Transformance Pro » de formation au coaching CT © conditionnement l’attribution de son label aux futurs coachs ayant, pour le moins, fait le choix d’un lieu thérapeutique et amorcé un travail sur soi. Ils sont même encouragés à poursuivre cette démarche dans l’exercice de leur futur métier, en intégrant les différents vecteurs de la connaissance de soi (analytique, émotionnelle, relationnelle, corporelle, …)

 

Si cela concoure à l’assurance d’un certain traitement  « écologique » de la demande, coach et coaché doivent accepter de se trouver parfois en déséquilibre, de vivre une relation constructiviste, toujours en observation d’une réalité et en quête d’une construction. 

 

En effet, le coaching se déroule dans un espace d’intersubjectivité où se rencontrent coaché et coach avec leur inconscient et leur complexité ; espace d’où va émerger un processus d’élaboration de solutions, selon une logique parfois étonnante, voire survenir une situation a priori inattendue.

De la récursivité de leur relation se construit la réponse à la demande ou au besoin du coaché.

 

Ceci s’inscrit dans un paradigme constructivisme où les protagonistes construisent leur réalité à travers leur représentation subjective du réel. Ils ne la subissent pas.

En particulier, le coaché fait partie du processus d’observation et interagit avec son environnement qu’il peut transformer autant qu’il l’accepte (consciemment ou non), selon ses enjeux identitaires et situationnels.

 

Placé en posture d’accompagnateur, avec la conscience et le recul suffisants, hérités de sa pratique, le coach aide le coaché, dans un « coaching constructiviste », à placer son essentiel dans son important, tout en cheminant dans la complexité de sa réalité, vers la satisfaction de sa demande, objet du contrat.

 

 

Pour pouvoir établir un diagnostic pertinent lors de la première séance de coaching et de l’entretenir à chaque fois que nécessaire, le coach doit nécessairement disposer une cadre de référence rationnel, c'est-à-dire avoir :

-        une expérience prouvée du développement des enveloppes d’identité (personnelle, managériale, relationnelle, d’équipe et culturelle) dans le monde des l’entreprise et des organisations,

-        une expérience du champ privé (famille, social, …),

-        une pratique de la formation et du conseil,

-        une expérience de la (psycho)thérapie a minima par un travail sur lui-même conforté par l’apprentissage d’un modèle (AT, PNL, …), d’une théorie de la personnalité (PCM, Ennéagramme, …).

 

Ceci avec une expertise plus ou moins importante selon que le coach intervient dans le monde professionnel ou privé.

 

Diagnostiquer nécessite aussi de la  part du coach des capacités dites irrationnelles, d’intuition, d’évaluation du non-dit, de « deuxième écoute » (pris en compte des messages non-verbaux et corporels), de « troisième écoute » (écoute de soi-même en tant que récepteur de ce que l’autre émet), d’adaptation en intelligence de situation, de gestion des processus s’engageant entre les acteurs.

 

Ces connaissances, capacités et aptitudes permettront au coach d’identifier la problématique objet du coaching, lire la carte du monde du coaché et disposer d’alternatives variées pour explorer le territoire de son client, se mettre en « alliance de changement » avec lui, et ainsi élaborer un plan d’intervention (moyens, étapes, …) créatif sans perdre de vue le but.

 

Bien qu’il suppose une forte adaptabilité en fonction des demandes et des interlocuteurs, le métier de coach n’est pas protéiforme ni dans sa posture, ni dans sa prestation, sauf à distinguer les coachs professionnels (de direction, de personne, l’équipe ou d’organisation) et les coachs de vie.

 

Cependant, tel que l’affirme Vincent Lenhardt (1) : « il n’est pas facile d’être à la fois un thérapeute, un formateur, un animateur d’équipes, un conseil en communication, un consultant en organisation et un conseil en stratégie. Un coach cependant doit connaître la spécificité de chacun de ces métiers et n’avoir de faille majeure dans aucun d’entre eux. Il a à appréhender une réalité complexe qui doit tenir compte de ces différents niveaux de pratiques, faute de quoi son diagnostic peut s’en ressentir. »

 

 

Le métier de coach nécessite une compétence globale, conjonction de connaissances (le savoir), d’aptitudes (savoir-faire) et d’un comportement (savoir-être).

 

Les compétences techniques et de pratiques professionnelles sont celles du « savoir » et « savoir faire » acquises et renforcées lors d’un cursus spécifique au sein d’une école de formation au coaching : telles une démarche et un langage, un approche (de type AT, PNL, systémique, …), etc ; puis développées de par la pratique.

 

Au-delà des ces compétences nécessaires, le coach doit faire preuve de « compétences comportementales », c'est-à-dire de ce qui va constituer sa recommandabilité et sa légitimité vis-à-vis de ses clients.

 

Ces « compétences comportementales » sont :

-        des qualités d’être : estime de soi et confiance en soi, sécurité ontologique, …

-        des capacités  relationnelles : inspirer la confiance, compétence dans la gestion des relations, créativité et charisme, …

-        des qualités fondamentales d’accueil et d’écoute de l’autre : accepter son problème , lui laisser sa liberté de décision, …

-        des capacités de « diagnostic instinctif » : perception des besoins, identification et zones d’intervention dans une réalité complexe, compréhension des problématiques ambigües et enjeux sous-tendus, …

 

Ces « savoir-être » se portent sur le coach en tant qu’individu et sur sa capacité qu’il a à utiliser ses savoirs dans diverses situations de coaching.

 

Cette « compétence comportementale » globale et spécifique au métier s’acquière et se révèle au-delà des compétences et aptitudes techniques sans pour autant minimiser leur importance et nécessité.

 

Cette compétence se construit avec l’âge et est le résultat de l’expérience. En effet il serait difficile de devenir coach professionnel si l’on n’avait pas au moins 10 à 15 ans d’expérience opérationnelle en entreprise, ainsi qu’une connaissance intime et suffisamment globale et pratique des entreprises privées ou publiques.

C’est l’expérience vécue directement du management, de l’organisation, des problématiques liées au travail qui permet au coach de s’engager dans la relation d’aide en milieu professionnel et de comprendre les freins et résistances au changement.

 

De même il serait délicat pour un coach de vie d’accompagner son client dans des changements dont lui-même ne soupçonnerait pas les difficultés par manque de vécu, d’intelligence intime des situations, de recul ou de travail sur soi.

 

Le cheminement personnel du coach est essentiel en tant que facteur de croissance et de « qualité d’être ». En effet le parcours, les expériences existentielles et spirituelles, peuvent être prédéterminants et surdéterminants. Les épreuves, les ruptures, les changements font l’histoire du coach et construisent son identité.

 

C’est cette démarche vers soi, l’abord de ses limites, qui font que l’individu fait une démarche vers l’humain en lien avec son environnement, et qu’il s’oriente vers un métier d’accompagnement tel celui de coach. La compétence qui se développe est l’ouverture au développement personnel et au travail sur soi, cet espace ou la personne aspire à se responsabiliser et à prendre son destin en main.

 

De son histoire et du sens qu’elle porte, le coach bâtit sa « carte d’identité », photo évolutive, tel lui-même et sa pratique, de sa légitimité professionnelle.

 

Nous touchons ici à l’essence même du professionnalisme dans l’accompagnement et la relation d’aide, au plus puissant des outils dont disposent les coachs : eux-mêmes et leur alignement identitaire. Les clients ne s’y trompent pas. Tôt ou tard ils décèlent ou ressentent toute disharmonie entre  le dire, l’être et le faire.

En cela les coachs ne différent pas des psychothérapeutes.

 

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Cependant, il est utile de rappeler quelques grands principes :

-        le coaching traite des conséquences des croyances ;  la psychothérapie traite de leur origine,

-        le coaching vise à atteindre un objectif professionnel ou de vie ; la psychothérapie vise principalement à soulager la souffrance psychique,

-        l’appel au coaching vise une efficacité plus immédiate ; alors que la psychothérapie s’inscrit plutôt dans une démarche structurelle.

 

En cela la responsabilité du coach, de par l’intersubjectivité forte de la relation de coaching, semble plus prégnante.

Pour cette raison le code de déontologie du coach est essentiel. Il est d’ailleurs l’expression de choix éthiques issus de son « essentiel » (le personnel, son autonomie d’être) transposé dans son « important » (son métier, la relation à un système).

 

Cependant, parce qu’il a lui même l’expérience des systèmes d’autorité dans lesquels évoluent ses clients (l’entreprise, la société, …), le coach privilégiera (cf. François Délivré (3) et Max Weber considéré comme le fondateur de la « sociologie compréhensive ») :

-        l’éthique de responsabilité : « être soucieux de la porté concrète des actes : à quoi bon être vertueux si cela entraine des conséquences néfastes »,

-        à l’éthique de conviction : « demande de respecter des principes sans se soucier des conséquences pratiques de leur application ».

Ceci tout en favorisant, par le processus même de coaching, l’émergence de l’autonomie et du libre arbitre des clients, et en acceptant d’être confronté sur sa déontologie.

 

 

 

Les professionnels du coaching insistent sur la nécessité d’une supervision des pratiques professionnelles et sur un bon niveau d’équilibre psychologique. 

 

Ce deuxième aspect relève de l’engagement personnel du coach dans un travail thérapeutique de « nettoyer au mieux ses lunettes », afin de bien exercer son métier.

L’appréciation de la « santé psychologique » d’un professionnel de la relation d’aide n’est pas affaire de certitude.

Cependant indépendamment des compétences de coaching, un travail sur soi est pratiquement indispensable à un coach afin de rendre la relation de coaching possible. C’est notamment :

-        avoir travaillé ses « zones d’ombre » (ses conflits intérieurs), et en particulier connaître ses mécanismes personnels en interaction négative avec autrui et savoir les éviter ou les désamorcer,

-        être « OK » par rapport à soi et par rapport aux autres en assumant la limite de la relation,

-        avoir fait le deuil de la toute puissance, et en particulier s’enraciner dans une position de « pouvoir pour » et non de « pouvoir sur »,

-        être autonome en étant passé par l’hétéronomie (acceptation des lois extérieures), c'est-à-dire être capable de d’adapter en permanence et de travailler avec des clients « dépendants, contre-dépendants, indépendants, et interdépendants » (cf. concept Manageon de Vincent Lenhardt : vivre et gérer à la fois divers positionnements relationnels),

-        être capable de conserver sa propre identité indépendamment du comportement et des paroles des autres,

-        avoir effectué des « changements de niveau 2 », c'est-à-dire changé de cadre de référence, de croyances et critères limitants, de règles du jeu, initialement imposés à soi-même ou à l’autre.

 

Naturellement, sur cette question de la « santé psychologique », coachs et psychothérapeutes ne différent pas, même si les critères d’appréciation peuvent être variés selon les professions.

 

En général la société attend des professionnels qui font référence à une éthique et à des valeurs, qu’ils adoptent la règle selon laquelle leur propre vie est en cohérence avec leurs messages.

 

En particulier pour le métier de coach cette règle implicite est importante, de par le fait que le coach accompagne son client dans la construction d’un futur désiré à partir d’actions situées dans le présent. La posture non directive du coaching (à contrario du conseil) n’affaiblit pas cette nécessité. Elle est renforcée par l’intersubjectivité de la relation coach-coaché.

 

La supervision est un appui essentiel. Elle répond pour le coach à la nécessité d’être cohérent, professionnel dans ses pratiques et constant dans l’enrichissement et la validation de ses compétences.

 

En effet l’appui et le contrôle d’un lieu de supervision permet :

-        de prévenir ou de corriger, dans l’exercice de son métier et sur la durée, les erreurs et les dérives éventuelles,

-        de mettre en place des processus d’enrichissement entre pairs, ou/et de superviseur à supervisé,

-        d’éclairer et d’enrichir le travail des coachs,

-        de conduire les coachs à poursuivre leur développement professionnel et identitaire.

 

« Superviser » un professionnel c’est l’accompagné dans sa spécialité. Pour cela trois compétences sont nécessaires :

-        connaître et avoir intégré le métier du supervisé,

-        avoir le recul suffisant pour une contribution reconnue à la validation et l’enrichissement des pratiques,

-        maîtriser les outils et la relation d’accompagnement.

 

Le métier des coachs étant l’accompagnement professionnel ou / et de vie, certains deviennent superviseurs de coachs, soit « coach de coach ».

 

Le rôle du superviseur est d’intervenir sur l’essentiel : aider le coach supervisé à mieux accompagner ses clients. Ainsi il deviendra un meilleur professionnel en situation de coaching.

 

Généralement, le superviseur est à même d’intervenir sur deux registres, et de manière effective selon le contenu du contrat de supervision :

-        le développement professionnel du coach, qui comprend : des enseignements théoriques et pratiques ; un travail de développement de l’identité et de l’assurance professionnelle (confiance en soi, permissions et protections face à des problématiques professionnelles, déontologie, …) ; des démarches de progrès de la pratique du coaching (analyse de situations réelles, diagnostic, élaboration de scénarios, plan d’intervention, contrats, …).

-        la supervision du contre-transfert : le superviseur aide le coach supervisé à analyser suffisamment les zones d’intervention et les éléments transférentiels (processus parallèle, transfert et contre transfert), investis lors d’une relation de coaching. En particulier, il l’aide à résoudre un problème rencontré lors d’un coaching, tel l’impossibilité de faire progresser son client. Ce peut-être une difficulté personnelle du coach réveillée par la problématique du client, telle une zone d’ombre relevant d’un travail psychothérapeutique. L’objectif est d’améliore la situation,  d’aider le coach à se libérer, afin qu’il puisse accompagner son client efficacement.

 

Lieu thérapeutique pour un travail sur soi, et supervision pour l’amélioration de la posture de coach, sont deux ressources « espace - temps » utiles et nécessaires à l’exercice du métier de coach. L’objectif étant d’être un meilleur professionnel afin de mieux accompagner les personnes et équipes coachées.

 

 

Parmi les divers paramètres faisant partie du tableau de bord du coach que Vincent Lenhardt (1) considère comme incontournables sont « la structure de la relation » et « l’alliance de changement » avec le coaché.

 

La structure de la relation comprend le « contrat d’affaire » et les modalités formelles et informelles qui permettent de structurer la relation entre le coach et le coaché (personne ou l’équipe) avec la souplesse nécessaire au déroulé du processus de coaching ou de Team Building. Ceci est notamment sensible lorsqu’il s’agit d’un coaching de manager ou en milieu professionnel, afin de faciliter spontanéité et ouverture. En particulier ceci permet au coach de rester en veille vis-à-vis de son client tel un partenaire ou coach sportif et au coaché d’être effectivement disponible lors des séances d’accompagnement.  

 

L’alliance de changement prolonge le concept précédent dans une dimension de confiance et d’engagement réciproque suffisamment  installée, jusqu’à la capacité à maintenir la relation malgré les  inévitables désaccords, malentendus et contretemps. Il y a « alliance de changement » si l’Enveloppe Culturelle Minimale est en concordance (valeurs, modèles et langage, ouverture vers le changement, objectifs opérationnels, connaissance mutuelle, …) entre coach et coaché(s). Le coach pourra, en particulier, confronter son client à ses « erreurs relatives » et à ses nécessaires remises en cause. Inversement le coach pourra se tromper dans l’appréciation d’une situation, dans un diagnostic ou une solution. Ainsi l’EMC partagée permet que ne soit rompue ni la confiance personnelle, ni celle dans l’atteinte des objectifs du coaching.

 

L’alliance de changement, construite et ancrée, vise une relation de type partenariat entre coach et coaché. Elle permet de surmonter les inévitables frustrations rencontrées. Essentiellement, elle signifie la construction  et l’instauration d’échanges vécus par le client dans une perspective d’interdépendance et non plus de dépendance, de contre-dépendance ou d’indépendance (cf. concept d’Analyse Transactionnelle), dont la finalité est son autonomie.

 

 

Ces éléments de vigilance – lieu thérapeutique, superviseur, structure de la relation, alliance de changement  – sont spécifiques au coaching dans leur contenu, et n’apparaissent pas en l’état dans une psychothérapie.

 

L’utilité d’un lieu ou d’un travail thérapeutique est controversée.

 

Pour certains coachs, le coaching se distingue essentiellement de la psychothérapie par le fait qu’il regarde vers le futur en observant exclusivement le présent, sans s’aventurer dans le passé du client. Le coach, et le client qui le sollicite, ne s’intéressent pas au « pourquoi » du problème exposé, mais à sa manifestation constaté concrètement dans le présent du client et au « comment » le résoudre.  Coach et coaché ne sont pas dans la compréhension, mais dans la solution. Pragmatiques, ils visent l’efficacité des actions à mettre en œuvre.

Ainsi, il paraît donc inutile que le coach ait un niveau important de « développement personnel ». Surtout il doit avoir du « génie » et du vécu. Il aura démontré l’efficacité de son coaching, sa pertinence voire sa sagesse, son écoute, son enthousiasme et sa confiance en la réussite de son client.

 

D’autres professionnels ont l’appréciation contraire, et considèrent qu’un « travail thérapeutique » – développement personnel ou/et travail sur soi – est une des exigences incontournables du métier de coach. C’est la position notamment de la SFCoach, Société Française de Coaching.

Ceci répond à l’affirmation suivante : un coach doit bien se connaître. C’est à dire avoir « conscience de soi » et être en capacité de vigilance personnelle. Ce qui passe par une qualité d’être.

 

François Délivré (3) écrit : « Sans une importante conscience de lui-même, le coach risque de se trouver tellement coincé dans un conflit interne entre ses zones d’ombre (blessures archaïques qui fond encore mal et nous envahissent : croyances limitantes, faux  semblants, désirs inavoués ou refoulés qui entraînent dans une impasse. Tout ce qui empêche de disposer d’une saine conscience de soi-même) et son devoir professionnel, qu’il ne peut pas rajouter une contrainte supplémentaire et essentielle : celle du client et de son problème.

 

 

Si des distances entre le « coaching professionnel » et « psychothérapie » paraissent assez facilement identifiables, du fait des spécificités induites par le contexte (l’entreprise, l’équipe, …), celles entre « life coaching » ou « coaching centré sur la personne » et  psychothérapie ou une démarche de « développement personnel » le sont moins ou portent plus facilement à discussion.

 

Il faudrait, pour qu’une frontière entre coaching et psychothérapie soit  clairement délimitée, qu’elle soit  définie par un organisme professionnel faisant autorité de type « conseil de l’ordre » et qu’elle soit acceptée par la majorité des professionnels.

 

On peut donc discuter sans fin de la frontière.  Ce qui est cependant certain : les méthodes et outils utilisés par les professionnels du coaching, des thérapies et du développement personnel sont proches voire semblables (Ecoute, reformulation rogérienne, A.T, PNL, Clean Language, Intervention Orientée Solution, systémique, ….).

 

Il peut s’ensuivre des ambiguïtés parmi les professionnels de la relation d’aide.

Ceux qui ont des compétences de psychothérapeute (formation et pratique) peuvent avoir tendance à ouvrir leur champ d’action au-delà du coaching centré sur la personne ou l’intégrant, selon qu’ils soient coach ou thérapeute. Ceux, coachs, qui n’ont pas de telles compétences disposent pour autant d’outils communs aux psychothérapies et au coaching. Tout en distinguant coaching et thérapie ils peuvent ne pas préciser les différences méthodologiques.

 

François Délivré (3) considère que la frontière thérapeutique est une fausse limite. Il est convaincu que « toute approche solide de développement personnel ou de thérapie, qu’elle soit psychologique, artistique, physique, sportive, ésotérique ou spirituelle a sa place dans les coachings centrés sur la personne à deux conditions : que coach maîtrise des compétences fondamentales du métier …, et qu’il maîtrise l’approche thérapeutique ou développement personnel qu’il utilise ».

 

Ceci implique une exigence renforcée de professionnalisme pour le coach. « Un professionnel du coaching est responsable des limites qu’il se fixe et doit pouvoir déontologiquement y répondre ». (F. Délivré – 3). Ainsi :

-        si le coach n’a pas de compétences thérapeutiques : il doit indiquer les limites qu’il ne peut et ne veut pas franchir quant à la nature des problèmes relevant de son accompagnement. Si nécessaire, il orientera ses clients vers des lieux thérapeutiques adéquats.

-        si le coach a des compétences thérapeutiques : il informera ses clients de cette possibilité, et l’exercera en accord avec eux, si la problématique rencontrée le nécessite.

 

Dans les deux cas le coach inscrira ses limites dans sa déontologie et les précisera dans le contrat relationnel élaboré avec le client.

 

De même, bien qu’il ne soit pas systématiquement nécessaire à un coach professionnel d’être expérimenté dans l’environnement de son client (partant du principe que la solution est chez le coaché, et que le coach est là pour aider à son émergence), l’utilité d’afficher ses limites de compétences ou d’intervention est de mise entre « life coaching » et « coaching professionnel ».

 

Surtout si elles sont implicites, et même si elles sont inscrites dans une charte de déontologique, les frontières nettes entre « coaching professionnel », « life coaching », développement personnel et psychothérapies se situent dans la tête de chaque professionnel, et n’apparaissent que lorsque l’une des parties les définit lors du « contrat » - ce doit être le coach, ce peut être l’entreprise qui détermine le champ d’intervention ou la personne par son questionnement initial.

 

Roland Brunner (psychanalyste, cofondateur de la SFCoach) donne quelques précisions de différenciation et de synergie :

-        pour les coachs centrés sur la personne : avoir une formation suffisante en psychologie « … afin d’avoir une vision plus claire de la situation avant d’engager quelqu’un en coaching ou pour avoir la bonne attitude dans un coaching qui s’avèrerait « para thérapeutique ».

-        le coach ne donnera pas de conseil concernant la souffrance exprimée, du fait de son effet de suggestion plus ou moins important : « le coaching n’est pas une psychanalyse … le praticien ne doit cependant pas ignorer les effets du transfert et du fantasme dans le processus même du coaching ».

-        si le coaching tend à prendre essentiellement une orientation thérapeutique « …le coach se doit d’avertir son coaché que les questions qu’il se pose ne peuvent en aucun cas se traiter totalement dans le cadre d’une démarche de coaching. … ce sera alors le moment de poser, avec tact et doigté, une indication de psychothérapie ; l’entendra, l’entendra pas. Liberté est donnée au coaché de prendre ses responsabilités par la suite, de faire une psychothérapie … ».

 

 

Il est donc possible de discuter à loisir d’une frontière entre coaching et psychothérapie en recherchant ce qui les oppose ou les différencie.

 

En fait, lever les tensions pouvant émerger dans un processus de « réalisation de soi », dans sa vie personnelle et professionnelle,  peut nécessiter de disposer de divers moyens, suffisamment distincts et pour autant synergiques.

 

Il nous paraît donc contraire à l’intention positive de service et d’accompagnement qu’ont les  professionnels de la relation d’aide, qu’ils soient psychothérapeutes ou coachs, de chercher à strictement enfermer coaching et psychothérapie dans une « topologie séparée ».

 

 

Ce qui nous amène à  introduire ici, (dans une perspective constructiviste entre psychothérapie et coaching), la Psychagogie de Charles Baudouin, qui postulait que « l'action et/ou la réflexion concernant l'équilibre psychologique et la santé du corps ne sont pas séparés de l'action et/ou la réflexion concernant le développement de la personne. Autrement dit, il n'y a pas de frontière entre la "réparation" de l'homme malade ou perturbé et la "réalisation" de l'homme "sain", bien dans sa peau ».

 

On doit à Charles Baudouin (1893 – 1963. Psychanalyste), le concept oublié de Psychagogiepsychê : âme et ago : je conduis ; terme abandonné qui a ressurgi sous la forme moderne, économico-pragmatique  et relativement simplifié, de « coaching ».

 

Charles Baudouin définit la psychagogie (5) comme étant « la direction de soi », et lui attribue comme une tâche essentielle, à partir « des personnages de l’inconscient, ces génies bons, mauvais ou ambigus »,  et (afin que « l’autonomie s’affirme en particulier dans les figures de l’inconscient collectif qui existe en soi … »), de « favoriser, de restaurer, ou de promouvoir cette construction ».

Charles Baudouin poursuit ainsi (5) : « deux buts également importants de la psychagogie, et que tous deux doivent être toujours pensés en mutuel équilibre : l’accord avec le monde et l’accord avec soi…. La synthèse est parfaitement réalisable si on se place au point de vue de l’action, et si l’on fait appel, en dernier ressort, à une éthique de la vocation. La vocation, c’est le soi en action dans le monde. Elle incite bien le sujet à une activité de restitution, à un dévouement, mais elle veut cette restitution et ce dévouement selon un mode qui soit éminemment propre au sujet et par lequel il s’exprime dans toute l’originalité de sa personne».

 

Nous retrouvons là le but essentiel du coaching : l’autonomie du coaché, processus continu, ambigu et complexe de « devenir » et d’accès au « sens ». Ce sens ou « essentiel » qui permet à chacun de mieux vivre ses différents stades d’autonomie, de se réaliser en soi, à travers son « important » contextualité dans un environnement complexe ; mû, orienté ou perturbé par des inconscients individuel et collectif.

 

 

Franziska Baumgarten, chargée de cours à l’université de Berne, écrit « la psychagogie se trouve à la tête de toutes les applications de la psychologie. Il est donc de toute urgence, de nos jour, de la cultiver ». Elle poursuit ainsi « nous nommerons psychagogie cette partie de la psychologie qui a pour but de donner des instructions ».

 

La spychagogie est une sorte de « science de la vie ». La spychagogie (Franziska Baumgarten – 9) :

-         « … constitue la branche de la psychologie qui fournit les méthodes propres à la poursuite d’un but et qui aide à la réalisation des préceptes psychagogiques ; elle fournit par exemple le moyen d’étudier la personnalité, d’instaurer la paix dans la vie commune des hommes, etc.

-        « … s’avère donc une science autonome ; elle se crée elle-même des directives, en même temps que des méthodes qui permettent de convertir les directives en actes ».

-        « …est la reconnaissance de la tâche. La psychagogie est la discussion et la désignation du but ». « La psychagogie établit donc le programme des interventions, distribue les thèses de l’action, esquisse une image idéale, un plan de vie ».

-        « … appliquée à la vie économique, elle a pris une grande extension, notamment dans le choix, pour l’homme, de la profession qui lui convient ».

 

La psychagogie s’intéresse tant à la personne qu’aux relations sociales et professionnelles. Elle cherche à déterminer les qualités psychiques des influences morales et des actions, de toute méthode éducative et toute conduite humaine, afin d’en stimuler la puissance.

 

 

De notre point de vue, cette approche synergique et constructiviste entre psychothérapie et coaching, s’applique aussi au développement personnel et à la pédagogie.

 

Bernard Auriol (psychiatre et psychanalyste), reprend les deux postulats de Charles Baudouin relatifs à la Psychagogie :

-        «  l'action et/ou la réflexion concernant l'équilibre psychologique et la santé du corps ne sont pas séparées de l'action et/ou la réflexion concernant le développement de la personne …».

-        « ce que nous ignorons est plus important que ce que nous savons de science certaine, universelle, dans ces deux domaines ».

 

Il en conclut : « la conséquence de ces deux postulats est qu'il faut promouvoir une action concertée multi théorique (tenants de théories différentes), multidisciplinaire (spécialistes les plus variés, non spécialistes) et déhiérarchisée (c'est à dire évacuant au maximum la pyramide du prestige, du pouvoir, du savoir...)

 

Ceci rejoint la considération de l’illusion de clivages entre les approches thérapeutiques, développement personnel et de coaching. Toutes sont des démarches d’accompagnement visant à offrir aux personnes (ceci à partir de leur champ d’action), l’occasion et les moyens de se développer et de grandir. Ceci à la fois dans leur capacité d’être, et leur relation à eux-mêmes et aux autres.

 

En prenant l’exemple du yoga, Bernard Auriol (6) fait la démonstration qu’il n’y a pas a priori de fossé entre Développement Personnel et Psychothérapie.

 

« … la Yogathérapie, comme toute thérapie (le Yoga, comme tout effort vers la réalisation de soi), est un mouvement, un projet si l’on veut. Un mouvement d’un groupe et des membres de ce groupe …

 

 Le lecteur s'étonnera peut-être que j'aie fait cette analogie qui semble réduire à une seule, trois démarches qu'on distingue généralement (quand on ne les oppose pas !)

-        l'éducation des enfants, la pédagogie,

-        la rééducation des adultes " abîmés ", ou " mal élevés " : la psychothérapie (et comme cas particulier la psychanalyse),

-        l'épanouissement de l'homme, la recherche de la perfection, la réalisation de soi (la psychagogie).

 

… Il n'y a pas à établir de fossés entre psychothérapie et pédagogie, il nous faudrait peu d'efforts pour montrer que pédagogie et psychagogie, ou psychothérapie et psychagogie sont en parfaite continuité. Ainsi le Yoga qui est à l'origine une psychagogie peut devenir au prix de quelques nuances et de beaucoup de prudence une psychothérapie : il conservera pourtant un versant nécessairement " pédagogique " car il est aussi un savoir-faire, et donc un savoir qui se transmet ».

 

 

Dans « l’âme et l’action » Charles Baudouin écrit : « Nous ne sommes pas ce que nous pensons être, nous sommes ce que nous faisons ».

 

C’est ce que le coach par sa posture, son attention d’écoute à l’autre, tend à faire conscientiser, afin qu’émerge par la transformation ou l’évolution d’une situation présente, le futur désiré par le coaché, ceci par sa propre décision et action.

 

 

Si l’histoire de la personne, son inconscient, sont principalement du ressort du psychothérapeute, et la réalisation ou la satisfaction de soi dans un objectif sont du ressort du coach ; il est un des buts essentiels de la spychagogie, alias coaching, qui demande une attention toute particulière : « l’affirmation de l’autonomie dans les figures de l’inconscient collectif qui existe en soi ».

 

En effet il est des domaines où les phénomènes psychologiques semblent s’imposer à l’individu en façonnant son environnement malgré lui (nous ne développerons pas ici de considération sur la « force créative » de la pensée individuelle ou collective).

 

Par exemple, il en est ainsi des observations faites par la socionomie (étude des phénomènes de société pour en inférer la venue de certains événements) : (Olivier de Ducla – 10) « quand la psychologie est favorable, les jupes sont courtes, la musique est gaie et les films romantiques. Lors des périodes de dépressions c’est le tour des films d’horreurs.

L’inconscient collectif, tour à tour positif et créateur puis pessimiste et destructeur, crée des comportements récurrents (vagues) qui induisent des événements, et non le contraire ».

 

Ainsi, coachs, psychothérapeutes, (et accompagnateurs en développement personnel), doivent-ils exercer leur métier de relation d’aide en ayant en mémoire qu’ils ne «…  sauraient déclarer certains « compétents » au vu de leurs titres ou diplôme, par opposition à d’autres qui seraient radicalement incompétents en l’un ou l’autre de ces (deux) domaines artificiellement séparés »  (Bernard Auriol).

 

 

 

 

Bibliographie

 

(1) - Vincent Lenhardt : « Les responsables porteurs de sens ». Ed. Insep Consulting

(2) - Vincent Lenhardt : « Au cœur de la relation d’aide ». Ed. InterEditions

(3) - François Délivré : « Le métier de coach ». Ed. d’Organisation

(4) - Jean-Antoine Malarewicz : « Réussir son coaching – Une approche systémique». Ed. Village Mondial

(5) - Charles Baudouin : « De l'instinct à l'esprit ». Ed. Imago

(6) - Bernard Auriol : «Yoga et Psychothérapie ». Ed. Privat

(7) - Paul Watzlawick, Richard Fisch, John H. Weakland : « Changements, Paradoxes et psychothérapie ». Ed. Seuil

(8) - Bertrand Martin, Vincent Lenhardt, Bruno Jarrosson : « Oser la confiance ». Ed. Insep Consulting

(9) - Franziska Baumgarten : « Qu’est-ce que la psychagogie ? Un nouveau problème de la psychologie »

(10) - Olivier de Ducla : « Au cœur du krach ». Ed. Jean-Cyrille Godefroy

 

 

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27 Février 2010